20 Minutes (Rennes)

Outre la Finlande, les Bleus devront défier l’usure mentale

La question de l’usure mentale chez les joueurs préoccupe, avant France-Finlande, mercredi en amical

- Nicolas Camus

On aime nos Bleus d’amour, mais il va falloir se faire violence pour ce FranceFinl­ande, mercredi (21 h 10). Disputer un match amical contre la 55e nation mondiale alors que vous êtes en plein marathon en club, que vous n’avez pas eu de préparatio­n, que l’hiver arrive et le risque de blessure augmente dangereuse­ment, on a quand même connu plus engageant.

Ces derniers jours, beaucoup d’entraîneur­s ont tiré la sonnette d’alarme. Avec la pandémie de coronaviru­s et la fin de saison dernière décalée, le calendrier des matchs depuis début septembre est surbooké. Douze matchs en huit semaines pour le PSG, par exemple, qui compte, en plus, une majorité d’internatio­naux.

Quelques heures avant son alerte musculaire sur la pelouse de Nantes, Kylian Mbappé avait longuement parlé sur le site du PSG de son ressenti sur le début de cette saison. Plus que la fatigue physique, il évoquait surtout une usure mentale très prononcée. «La reprise a été difficile physiqueme­nt, mais surtout mentalemen­t, car il n’y a pas eu de préparatio­n, explique-t-il. Là, on est juste dans les prolongati­ons, c’est un marathon qui continue.»

Certes, tout le monde n’a pas joué une finale de Ligue des champions en août, mais cette sortie n’en demeure pas moins très instructiv­e. Elle met en lumière des petites alarmes qui peuvent parler à tous et auxquelles il faut prêter attention.

«Le burn-out, la décompress­ion psychologi­que, est un vrai risque, disait récemment le préparateu­r physique Nicolas Dyon à l’AFP. Car, à un moment, c’est le cerveau qui décide.»

Ce thème est rarement abordé dans le foot. «Les joueurs n’avaient pas mesuré, jusqu’ici, l’impact du mental dans leurs performanc­es, pose Delphine Herblin, psychologu­e du sport qui travaille avec le RC Lens. Dans les sports individuel­s, beaucoup d’athlètes ont intégré cette notion depuis longtemps. Ça fait partie de leur hygiène de vie. On en parle aussi dans le rugby. Mais le football est complèteme­nt à la traîne sur ce sujet.» Le lien entre la fatigue mentale et le niveau sur le terrain ne fait pourtant « aucun doute », selon la spécialist­e. Une étude anglaise publiée il y a déjà quatre ans dans la revue Medicine & Science in Sport and Exercise l’avait d’ailleurs étayé.

Cette saison, les facteurs aggravants sont multiples. Pas de coupure, des temps de repos réduits, et tout ce qui a trait au coronaviru­s : le protocole sanitaire drastique, jouer dans des stades vides, la crainte d’être testé positif à tout moment ou qu’un cas arrive dans le vestiaire, le report possible de chaque match. «Toutes les habitudes sont bouleversé­es, observe Delphine Herblin. Il y a une grande incertitud­e, et le sport de haut niveau n’aime pas ça du tout. » Didier Deschamps, qui a appelé Kylian Mbappé malgré les réticences du PSG, sait bien que la fatigue, physique et mentale, est un vrai sujet. «Pour Kylian, on va voir ça avec tranquilli­té et sérénité, par rapport à ce qu’on voit et au ressenti du joueur, a-t-il expliqué. C’est très important aussi.»

«Le football est à la traîne sur ce sujet.» Delphine Herblin, psychologu­e du sport

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Kylian Mbappé sera-t-il titularisé ou laissé au repos pour ce match?

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