20 Minutes (Rennes)

Restaurati­on

Les Coursiers rennais assurent au rayon des livraisons

- Camille Allain

Nantes, Lille, Paris, Angers… Depuis quelques années, la plupart des villes françaises voient des livreurs se regrouper pour monter leur plateforme indépendan­te de livraisons de repas à domicile. Rennes n’en était pas dotée, mais «l’anomalie» sera bientôt corrigée. Dès ce lundi, un collectif baptisé Les coursiers rennais proposera aux restaurant­s de la capitale bretonne une alternativ­e aux géants que sont Deliveroo, UberEats ou encore JustEat. Un choix assumé face à la dégradatio­n de leurs conditions de travail. «On a vu le cadre tarifaire des plateforme­s évoluer ces derniers temps. Et pas dans le bon sens pour nous», détaille Hugo, l’un des fondateurs des Coursiers rennais. Pour l’heure, seuls dix livreurs ont intégré la démarche dans une ville où l’on dénombre environ 500 licences plus ou moins actives. Eux revendique­nt une livraison à vélo, là où les scooters arrivent en force, et souhaitent améliorer la rémunérati­on. « Avec Deliveroo, nous n’avons aucune visibilité sur nos revenus, poursuit Hugo. Les méthodes de calcul sont très complexes et dépendent de plein de critères. Parfois, on doit attendre cinquante minutes pour faire une course payée 2,50 €. On ne peut pas s’en satisfaire.»

« Consommer autrement »

Lundi soir, c’est un champion de France qui enverra ses spécialité­s dans les besaces des Coursiers rennais. Elu meilleur pizzaïolo de l’Hexagone en 2014, Yann Dayer a dû fermer ses deux pizzerias Angello en raison du confinemen­t. Celui qui s’était toujours refusé à faire de la livraison a finalement changé de point de vue en croisant le chemin du collectif. « On ne voulait pas mettre des scooters ou des voitures sur les routes pour des raisons écologique­s, assume Françoise Dayer, cogérante des deux restaurant­s. On ne voulait pas aussi cautionner que des livreurs soient payés au lance-pierre.» Angello va tester ce que bon nombre de pizzerias font depuis bien longtemps : la vente à emporter. « C’est un pari pour nous, mais on y croit, explique Françoise Dayer. On est persuadés qu’il y a des gens pour consommer autrement. » Car l’indépendan­ce a un coût. Pour rémunérer dignement leurs livreurs, Les Coursiers rennais factureron­t chaque livraison entre 6 et 10 € selon la distance, à la charge du client. « Les autres plateforme­s affichent parfois une livraison à 4 €, mais elles prennent en plus 30 % au restaurate­ur, souligne Hugo. Nous voulons être plus transparen­ts. Il faut expliquer le vrai prix des choses. D’autant que l’on voit bien que certains culpabilis­ent quand ils passent commande. » Après un premier test avec Angello, Les Coursiers rennais s’ouvriront rapidement à d’autres enseignes, notamment celles inscrites dans le dispositif Ton resto à la maison, monté pendant le confinemen­t, et qui regroupe une quinzaine de tables rennaises. Un premier pas vers la liberté.

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L’asso Les Coursiers rennais se lancera lundi avec les pizzerias Angello.

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