Des masques bretons et patriotes
Installée en Côtes-d’Armor, l’usine la Coop des Masques produira ces protections faciales pour assurer l’approvisionnement du pays
«Je vous laisse, car c’est vraiment le chantier ! » Guy Hascoët est un homme pressé. Depuis cet été, l’ancien secrétaire d’Etat à l’Economie solidaire du gouvernement Jospin s’est reconverti en chef d’entreprise. Il pilote désormais la Coop des Masques, une future usine de masques, portée entre autres par les collectivités bretonnes. Le projet remonte au printemps, quand la France faisait face à une pénurie de ces protections devenues en quelques semaines indispensables. Divers acteurs s’étaient alors mobilisés afin de relancer une production en Bretagne, deux ans après la fermeture de l’usine de Plaintel, qui avait vu son activité délocalisée en Tunisie.
Après l’étude de plusieurs pistes, le projet s’est concrétisé en juin, avec la naissance de cette société coopérative d’intérêt collectif. Implantée dans la zone industrielle de Grâces, près de Guingamp (Côtes-d’Armor), l’usine s’apprête à démarrer sa production. «Les premières machines vont être réceptionnées à la fin du mois et arriveront sur le site début décembre », indique Guy Hascoët.
Dès la mi-décembre, les premiers masques sortiront des lignes de fabrication de la coopérative bretonne, qui emploie une trentaine de salariés. Une fois lancée, l’usine sera en capacité de produire 45 millions d’unités par an (30 millions de masques chirurgicaux et 15 millions de masques FFP2). Ils seront en priorité vendus aux partenaires de la coopérative, afin de satisfaire les besoins régionaux, notamment pour les professionnels de santé. « On sait qu’ils devront utiliser des masques tout le temps, souligne le président de la coopérative. Donc qu’il y aura de la demande. »
Avant l’été, l’usine devrait monter en puissance puisqu’elle a été retenue dans le cadre d’un appel à candidatures du ministère de l’Economie pour fabriquer du tissu non tissé et filtrant, utilisé dans la composition des masques. « Nous achèterons ce tissu pendant six mois, dont une partie en France, avant d’être nous-mêmes producteur », souligne Guy Hascoët. A peine lancé, le projet fédère déjà dans la région, avec notamment une vingtaine de collectivités qui ont investi dans le capital social de l’entreprise. C’est le cas de la métropole rennaise qui vient d’acheter des parts à hauteur de 25 000 €. « L’approvisionnement en masques est un enjeu majeur, justifie Nathalie Appéré, maire de Rennes et présidente de Rennes métropole. Et cela dans le but d’être moins dépendant de la production chinoise et de garantir notre souveraineté économique et sanitaire. »
« Un enjeu majeur pour être moins dépendant de la production chinoise » Nathalie Appéré, maire de Rennes