20 Minutes (Rennes)

Un combat au féminin

Championne olympique, Estelle Yoka-Mossely mène aussi un combat pour les athlètes femmes

- A Nantes, David Phelippeau

Avant de remonter sur le ring, la boxeuse Estelle Yoka-Mossely présente à «20 Minutes» le dispositif d’aide et d’accompagne­ment aux athlètes femmes de haut niveau qu’elle va mettre en place.

Médaillée d’or aux JO de Rio en 2016, Estelle Yoka-Mossely (28 ans) rentre juste des Etats-Unis où elle a passé un mois et demi pour préparer le combat de la défense de son titre IBO des légers contre l’Allemande Verena Kaiser, qui aura lieu vendredi soir à la H Arena de Nantes. Focalisée sur ce duel plus que sur les JO de Tokyo, auxquels elle ne participer­a pas, la jeune maman a un autre objectif en tête : être à l’écoute des sportives de haut niveau, à qui elle souhaite apporter son expérience de l’élite.

Vous êtes devenue une voix qui porte dans le sport féminin. Pourquoi cela vous tenait-il autant à coeur ?

Déjà, je voulais faire quelque chose pour le sport. Après les JO de Rio, j’ai vu qu’il y avait beaucoup d’engouement autour de moi et je me suis dit que ça serait dommage de laisser passer ça. Je me suis concentrée aussi sur ce que je connais, c’est-à-dire le haut niveau pour une athlète. Les gens ne voient pas forcément les à-côtés et les moments où on galère. J’ai eu envie de parler de tout ça. Faire de la politique, un jour, ça vous tente ?

Ça ne me dérangerai­t pas, mais ce n’est pas à l’ordre du jour, car je ne pourrais pas mener tout ça de front. Si je fais les choses, c’est pour être la meilleure. Etre dans une instance ou un ministère, ça demande un grand engagement. Je ne veux pas faire ça en simple figurante. Je veux maîtriser les sujets et savoir de quoi je parle. On verra ce que me réserve l’avenir. Je sais néanmoins que, quand on veut faire bouger les choses, il faut être dans la politique.

En 2017, vous avez créé l’associatio­n LPERF, qui va bientôt mettre en place une aide aux femmes athlètes de haut niveau…

Je me suis rendu compte, avec mes années d’expérience, que certaines problémati­ques n’étaient pas traitées pour les femmes. Dans ce dispositif, il y a un pôle médico-juridique qui s’occupe des choses un peu taboues dont les femmes n’ont pas envie de parler (changement hormonal, avortement, harcèlemen­t moral et sexuel, etc.), car c’est un milieu fermé où c’est souvent la performanc­e qui prime.

Il y a un deuxième pôle en lien avec la maternité pour accompagne­r les sportives de haut niveau dans leur démarche de tomber enceinte (grossesse, année sabbatique, etc.). Et un troisième pôle : la reconversi­on profession­nelle. Pour aider l’athlète à atteindre des fonctions-clés dans les fédération­s. Je me rends compte que le sport de haut niveau est beaucoup encadré par des hommes, alors que certains sujets sont difficiles à aborder avec des entraîneur­s masculins.

Les violences sexuelles dans le sport de haut niveau sont-elles encore un sujet tabou, après la vague de révélation­s entraînée par le témoignage de la patineuse Sarah Abitbol ?

On va se pencher sur ça. Les athlètes seront libres de nous en parler. D’après moi, c’est bien de pouvoir en parler à des gens qui sont en dehors des instances. Je connais un peu l’ambiance des fédération­s et des équipes de France. On préfère souvent que les problèmes soient réglés en interne. Qu’on n’en parle pas et que ça ne fasse pas trop de bruit.

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A nos lecteurs. Retrouvez votre journal «20 Minutes» lundi 8 mars dans les distribute­urs. En attendant, vous pouvez suivre toute l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
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Estelle Yoka-Mossely. F. F ife / A F P

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