Twitch et Clubhouse, vous avez la parole des politiques
Pour toucher un public plus jeune, ou plus ciblé, les politiques s’invitent sur des plateformes telles que Twitch ou Clubhouse
«Vous n’avez pas fini de voir rappliquer tous les hommes et toutes les femmes politiques», lançait JeanLuc Mélenchon, en mai 2020, lors de son arrivée sur Twitch. Quelques mois plus tard, la prédiction du patron de La France insoumise est-elle en train de se confirmer ? Dimanche, le Premier ministre, Jean Castex, fera sa première apparition sur cette chaîne, à l’invitation du journaliste Samuel Etienne. Lancée en 2011 et rachetée par Amazon en 2014, Twitch reste destinée à la diffusion de parties de jeux vidéo, commentées en direct. Mais ces fortes audiences, en croissance en temps de confinement, suscitent l’intérêt des politiques. En France, Twitch a enregistré 5 millions de visiteurs mensuels en 2020 (+40%), dont la moitié a entre 18 et 35 ans. Ainsi, mardi soir, le passage de François Hollande dans
« La rencontre est tienne », l’émission de Samuel Etienne, a connu un pic à 84000 spectateurs, au sommet des audiences mondiales de Twitch. De quoi donner envie à Jean Castex de venir sur Twitch ? « On souhaite toucher une cible différente et Twitch rassemble un public plus jeune, peut-être moins politisé », répond Matignon. « On adapte notre discours à chaque réseau social qui a sa grammaire, ses propres codes», explique Antoine Léaument (LFI). La nouvelle appli Clubhouse a aussi tapé dans l’oeil des politiques ces dernières semaines. Lancée il y a un an aux États-Unis, elle permet d’échanger en audio entre membres, en rejoignant des discussions thématiques (des « rooms »), limitées à 5 000 participants. Des ministres sont déjà inscrits, dont le secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O, qui a lancé, mercredi, « Conversations numériques ». « C’est une sorte de radio ouverte, assure la sénatrice UDI de l’Orne, Nathalie Goulet. Je n’en fais pas un outil de campagne, c’est plus un moyen de rencontrer des gens.»
A la différence de Twitch, Clubhouse est encore restreint, puisqu’il est uniquement disponible sur iPhone, et qu’il faut être coopté pour ouvrir son compte. « La prise de risque est faible pour les politiques, car il y a une sorte d’entre-soi, avec beaucoup de patrons, de journalistes, de politiques parmi les membres», observe une conseillère ministérielle. Une fois inscrit, n’importe quel membre peut rejoindre la discussion et interpeller les participants. Il n’y a pas de modération, et les échanges ne sont pas disponibles en rediffusion, ce qui ouvre la voie à la spontanéité, mais aussi à des excès. « Ça peut très vite partir en vrille, se rappelle Nathalie Goulet. J’ai moi-même dû fermer une discussion car il y avait trop d’insultes.»
«Clubhouse est une sorte de radio ouverte. »
Nathalie Goulet, sénatrice UDI