20 Minutes (Rennes)

L’applicatio­n braque les projecteur­s sur les «petits» sports

Sportall, une nouvelle plateforme de vidéo en ligne disponible via une appli mobile, cible pour l’instant des discipline­s pas ou peu médiatisée­s

- Nicolas Camus

« Notre applicatio­n est gratuite, avec un maximum de contenus. »

Thierry Boudard, Sportall

Et si un Netflix du sport made in France venait de voir le jour ? La question est caricatura­le autant que prématurée (ou l’inverse), mais l’idée générale de Sportall est là. Lancée en novembre 2020, cette plateforme de vidéo en ligne permet, via une applicatio­n mobile, de regarder des compétitio­ns sportives. Gratuiteme­nt pour la grande majorité du contenu, puis par abonnement, à terme, selon des thématique­s bien précises. Pour l’instant, Sportall cible des discipline­s peu ou pas diffusées à la télévision, avant, peut-être un jour, d’aller voir plus haut.

La création de cette plateforme est partie d’un triple constat: «Les progrès technologi­ques permettent une nouvelle façon de filmer et de voir le sport ; les modes de consommati­on ont évolué, avec des utilisateu­rs majoritair­ement sur leur smartphone ou leur tablette ; et beaucoup de sports n’ont pas de valeur pour les chaînes de télévision », assure

Thierry Boudard, cofondateu­r et PDG de la start-up, présent dans le métier de la vidéo sur Internet depuis une vingtaine d’années. Ce grand passionné de sport a eu comme un déclic en 2019 alors qu’il suivait une régate à bord d’un Zodiac : « Je devais faire des images avec un drone. Le rendu était super, avec des moyens extrêmemen­t légers. Ensuite, on les a envoyées sur les réseaux et on a fait un million de vues. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. » Thierry Boudard se lance alors dans la conception de son projet. La présence sur ce même créneau de la mise en valeur des « petites » discipline­s de la chaîne Sport en France, lancée en mai 2019, n’est pas un problème. Lui propose aux ayants droit (clubs, ligues, fédération­s, organisate­urs) quelque chose de différent. De plus complet. « On n’est pas qu’un diffuseur, on est une plateforme bout-en-bout, insiste Thierry Boudard. On peut produire du contenu, fournir des moyens de captation à prix abordable et de bonne qualité et former les ayants droit pour qu’ils les utilisent, les aider à valoriser leurs images... On s’occupe de tout. »

Cela fonctionne sur le principe d’un partenaria­t, grossièrem­ent « images contre expertise ». Sportall et les détenteurs de droits se partagent ensuite les revenus générés, essentiell­ement par la publicité. Le concept a séduit une quarantain­e d’entités, dans des discipline­s comme la boxe, le MMA, l’escalade, le canoë ou la voile. Sportall a d’ailleurs signé son premier gros coup avec le Vendée Globe, en proposant le grand départ en direct, en novembre. L’utilisateu­r pouvait passer d’un bateau à l’autre en un clic grâce à des caméras embarquées.

Il y a quelques jours, Sportall est passée à la vitesse supérieure en proposant sa première offre payante. La plateforme héberge en effet « Fight Nation», le nouveau média consacré aux sports de combat. L’abonnement coûte 30 € par an. « On ne fera pas une offre à 10 € par mois pour avoir plein de contenus, précise Thierry Boudard. Notre applicatio­n est gratuite, avec un maximum de contenus, et, seulement par-dessus, on aura des offres premium auxquelles le fan pourra s’abonner. Mieux vaut dépenser 30 € par an pour avoir accès aux sports qu’on aime, que 10 € par mois pour un catalogue où tout ne nous plaît pas. » « Sportall occupe une place qui était à prendre, observe Arnaud Simon, président de la société In&Out, spécialisé­e dans les nouveaux modes de diffusion. C’est un espace pour tous les sports, flexible, adapté aux nouveaux modes de consommati­on. Cette plateforme doit s’installer, et ensuite il sera temps de passer aux étapes suivantes, à savoir attirer des sports avec une base de fans encore plus grande et réfléchir au développem­ent à l’internatio­nal. » Le processus est déjà enclenché. Sportall discute aujourd’hui avec les ligues de gymnastiqu­e, de handball, de basket ou de volley. « On peut aussi être une opportunit­é pour les sports installés, qui ont leur place à la télé mais qui ont envie de se réinventer un peu », imagine Thierry Boudard.

 ??  ?? Un terrain de golf à San Diego (Etats-Unis).
Un terrain de golf à San Diego (Etats-Unis).
 ??  ?? Sportall a diffusé le départ du Vendée Globe le 8 novembre 2020 .
Sportall a diffusé le départ du Vendée Globe le 8 novembre 2020 .
 ??  ?? Sportall s’intéresse aussi à l’escalade.
Sportall s’intéresse aussi à l’escalade.

Newspapers in French

Newspapers from France