20 Minutes (Rennes)

«Il n’y a pas forcément une montée des violences chez les jeunes»

- Propos recueillis par Marie de Fournas

L’accumulati­on de drames récents, dont la mort d’une collégienn­e retrouvée noyée à Argenteuil (Val-d’Oise) lundi, pourrait laisser penser à une montée des violences juvéniles en France. Pour Martine Batt, experte judiciaire à la cour d’appel de Nancy (Meurthe-et-Moselle), ce n’est pas aussi simple.

La hausse actuelle des violences chez les mineurs est-elle réelle ?

Il y a un effet loupe, parce que différents actes sont rapprochés et qu’il y a des morts. Mais il n’y a pas forcément une montée des violences chez les mineurs en France. La violence, ce n’est pas nouveau. Ce qui a changé, c’est la diffusion de l’informatio­n. Maintenant, les événements sont filmés et diffusés sur les réseaux. On est davantage interpellé­s par ces images.

S’il n’y a pas plus de violence, les causes changent-elles ?

Le harcèlemen­t sur les réseaux sociaux, qui date d’il y a une dizaine d’années, est terrible. Cela peut pousser à la désinserti­on sociale, au suicide ou au meurtre. Le point commun des expertises réalisées auprès des jeunes sur des faits violents, c’est que le point de départ est souvent futile. Ça peut partir d’un regard, d’une jalousie. C’est perçu très violemment chez les adolescent­s, car ils sont en pleine constructi­on. Cet enchaîneme­nt de violences n’est-il pas à mettre en lien avec la situation actuelle ?

C’est difficile à dire. Peut-être que le confinemen­t a pu jouer un rôle. Les adolescent­s ont besoin d’interactio­ns pour aller bien. Là, ils en sont privés.

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