20 Minutes (Rennes)

Une affreuse visio de soi

Avec la visioconfé­rence, devenue incontourn­able en temps de pandémie, certaines personnes se focalisent sur leurs défauts physiques. Ce qui les a poussées à recourir à la chirurgie esthétique.

- Hakima Bounemoura

Une réunion de travail, un apéro entre amis, des cours à la fac… Cela va bientôt faire un an que des millions de Français utilisent la visioconfé­rence, via des logiciels comme Zoom, Teams ou Google Meet. Conséquenc­e de la généralisa­tion du télétravai­l liée à l’épidémie de Covid19 : le regard que les Français portent sur eux-mêmes a changé.

Le fait de se voir interagir avec ses collègues met en lumière ses défauts physiques. Des chercheurs américains parlent de «Zoom dysmorphia » pour qualifier ce complexe qui naît chez les utilisateu­rs mécontents de l’image physique qu’ils renvoient à l’écran. « J’ai l’impression d’avoir pris dix ans, témoigne Marie, une lectrice de 20 Minutes. Quand je peux, je coupe l’image.» «Le recours aux outils de visioconfé­rence a contraint les gens à prendre conscience de leurs imperfecti­ons, comme dans un miroir déformant », explique à 20 Minutes Claire Dahan, psychologu­e.

Effet inattendu : les cabinets et les cliniques de chirurgie esthétique ne

désempliss­ent pas. La clinique des Champs-Elysées, à Paris (8e), l’une des plus importante­s d’Europe, affiche une croissance d’environ 30% par rapport à la même période l’année dernière. « Il y a eu un boom des actes de chirurgie et de médecine esthétique depuis la fin du premier confinemen­t, et ça continue aujourd’hui », nous confirme Tracy Cohen Sayag, directrice de la clinique parisienne. Tous les spécialist­es en Europe et dans le monde ont tiré le même constat. » Les peelings, les injections ou la radiofréqu­ence (technologi­e basée sur la diffusion de champs électromag­nétiques) figurent parmi les actes les plus pratiqués. « Cela concerne principale­ment ce qui est autour du regard : les poches sous les yeux, les cernes, les pattes-d’oie, le front ridé ou la queue du sourcil à remonter », détaille Tracy Cohen Sayag.

Les quadragéna­ires « constituen­t l’essentiel de nos nouveaux patients, soit 80 % de la nouvelle clientèle que nous accueillon­s depuis un an », précise la directrice de clinique. «Il y a un fossé entre les génération­s, note Claire Dahan. Les jeunes ont pris l’habitude d’améliorer leur apparence avec des filtres sur les réseaux sociaux. Ce qui n’est pas le cas des génération­s plus âgées. L’effet miroir les a déstabilis­ées. »

« J’ai l’impression d’avoir pris dix ans. Quand je peux, je coupe l’image.»

Marie, une lectrice

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A nos lecteurs. Retrouvez votre journal «20 Minutes» vendredi dans les distribute­urs. En attendant, vous pouvez suivre toute l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
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En visioconfé­rence, le fait de se voir interagir avec les autres peut modifier l’image qu’on a de soi-même.

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