20 Minutes (Rennes)

« Pourquoi comparer les filles et les garçons ? »

La présidente de Lyon Asvel Féminin, Marie-Sophie Obama, veut « soulever des montagnes »

- Propos recueillis à Lyon par Jérémy Laugier

Ancienne basketteus­e pro, MarieSophi­e Obama a eu plusieurs vies avant d’accepter la propositio­n de Tony Parker en 2017. Après avoir conduit Lyon Asvel Féminin à son premier titre de champion de France dès 2019, la présidente déléguée de 40 ans rêve d’un exploit lors des quarts de finale d’Euroligue, qui auront lieu mercredi et vendredi (18h et 20h05) en Hongrie.

Pourquoi votre carrière profession­nelle s’est-elle arrêtée dès l’âge de 26 ans, à Calais ?

Ma deuxième grossesse y a mis un terme, car c’était quand même compliqué de tout gérer. Je ne nourris aucun regret par rapport à ma carrière pro. Mon agent m’a ensuite proposé de travailler avec lui. Et puis, à un moment, je me suis senti étouffer dans ce milieu-là. J’avais envie de voir ce que je valais dans la vraie vie. J’ai réussi le concours d’infirmière, puis j’ai passé cinq ans au sein d’une agence immobilièr­e. C’est cette expérience entreprene­uriale qui m’a le plus aidée quand Tony [Parker] m’a appelée et qu’on a repris le club.

Est-ce parfois compliqué d’avoir un président à la mentalité américaine si marquée qui affiche clairement ses ambitions ?

Non, ce n’est pas compliqué du tout. Ce n’est pas mon tempéramen­t à la base, mais je m’inspire beaucoup de Tony. (...) L’ambition est bien sûr de gagner l’Euroligue. On veut soulever des montagnes.

En 2019, vous vous êtes élevée, comme beaucoup de dirigeants et de joueuses, contre une chronique jugée « sexiste » sur RMC Sport. Etait-ce un moment charnière pour le basket féminin français ?

Disons qu’on a à peine eu l’occasion d’être diffusées une fois à la télévision que, direct, on a fait les frais d’une chronique. On n’est pas contre la dérision, mais laissez-nous un peu commencer avant de nous tomber dessus. On nous dit qu’on n’est pas « bankables », et on ne montre que quatre actions avec des « airballs » et des joueuses qui tombent, comme cela arrive aussi dans les matchs NBA. Il faut être un minimum respectueu­x.

Le sport féminin a-t-il du mal à être pris au sérieux en France ?

Pourquoi toujours comparer les performanc­es des garçons et des filles ? Nous ne sommes pas égaux dans les dispositio­ns physiques. Je revendique le fait qu’on puisse pratiquer un autre basket. Ce basket mérite d’éduquer l’oeil pour qu’on puisse voir ce qu’il a de beau et de différent à apporter.

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Marie-Sophie Obama est la présidente déléguée du club depuis quatre ans.

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