Avant 2022, Le Pen et le RN se testent sur les régionales
Le RN espère faire de ces élections un tremplin pour la présidentielle
A trois mois des régionales et des départementales, prévues en juin, le Rassemblement national poursuit sa stratégie de conquête électorale. Marine Le Pen souhaite donner un écho national à ces scrutins pour préparer sa campagne. L’objectif : se servir de l’échelon local comme marchepied vers l’Elysée.
Les candidats investis font déjà campagne sur des thèmes nationaux, comme la sécurité, alors que cette dernière n’est pas une compétence régionale. « La sécurité dans les transports peut être une prérogative des régions, et elle sera un de nos axes principaux », explique Gilles Pennelle, membre du bureau national et tête de liste RN pour les régionales en Bretagne. Le slogan de campagne, «Une région qui vous protège », s’inscrit d’ailleurs dans une stratégie protectionniste plus globale. «A dix mois de l’élection présidentielle, on n’échappera pas au fait que ce scrutin sera perçu comme une répétition générale pour 2022 », poursuit-il. Pour montrer qu’il a évolué depuis sa défaite à l’élection suprême en 2017, le Front national, devenu RN, souhaite mettre en scène le rassemblement à travers le choix de ses têtes de liste. Le parti a mis en avant ses rares prises à droite ces dernières années : JeanPaul Garraud en Occitanie et Thierry Mariani en Paca. La présence de ces deux ex-LR, élus aux européennes de 2019 sous les couleurs du RN, montre toutefois que le parti peine toujours à attirer de nouveaux cadres.
Pour donner plus de poids médiatique à la campagne, le vice-président du parti, Jordan Bardella, sera finalement candidat en Ile-de-France, contrairement à ce qu’il affirmait encore en septembre. Il est aussi prévu que la patronne du RN mène une campagne active. « La démocratie ne peut pas être complètement étouffée par cette crise sanitaire, confiait Marine Le Pen à l’occasion d’une interview à 20 Minutes, en février. Le Covid-19 n’empêche pas de se déplacer, donc j’irai soutenir nos candidats. »
« Il y aura des triangulaires où nous pourrons l’emporter. » Philippe Olivier, conseiller de Marine Le Pen
Car la députée du Pas-de-Calais souhaite bien faire tomber une ou plusieurs régions, après des municipales plutôt décevantes. « Remporter une région contribuerait à notre marche vers le pouvoir», estime Gilles Pennelle. Le parti se dit persuadé que le barrage anti-RN, qui avait eu lieu lors des régionales de 2015, n’existe plus. «Il y aura des triangulaires dans plusieurs régions, où nous pourrons l’emporter », avance l’eurodéputé Philippe Olivier, proche conseiller de la présidente du RN. En nationalisant la campagne, Marine Le Pen prend néanmoins un risque. Si aucune région ne bascule dans l’escarcelle du RN, ce serait perçu comme un échec pour le parti, à quelques mois de la présidentielle.