20 Minutes (Rennes)

Quelles suites à la « bavure » de l’armée française ?

Un rapport de l’ONU accuse une frappe de l’armée française au Mali d’avoir tué 19 civils. Les conséquenc­es pourraient être multiples

- Lucie Bras

Que s’est-il passé dans le village malien de Bounti ? Mardi, la Minusma, la mission de l’ONU au Mali, a publié les résultats d’une enquête accusant la France d’avoir tué 19 civils, réunis pour célébrer un mariage, lors d’une frappe aérienne. La France, elle, conteste toute bavure et maintient qu’il s’agissait de djihadiste­s. Si le rapport se révèle exact, à quelles conséquenc­es Paris doit-il s’attendre ?

De ce qu’il s’est passé le 3 janvier à Bounti, aucune image n’a circulé. Les faits se sont produits dans une zone éloignée et dangereuse, où les djihadiste­s sont très présents. La force antidjihad­iste française Barkhane a rapidement été montrée du doigt sur les réseaux sociaux. «C’est la violation du principe de précaution qui est avancée par le rapport, explique Julien Antouly, doctorant au Centre de droit internatio­nal (Cedin) de l’université Paris-Nanterre. La France n’est pas accusée d’avoir tué intentionn­ellement des civils. Elle est accusée de ne pas avoir pris toutes les précaution­s en amont de cette attaque pour s’assurer qu’il s’agissait de cibles militaires. »

Justice française

Contestati­on ou non de Paris, à l’issue de ce rapport, aucune conséquenc­e judiciaire immédiate ne plane sur la France. En conclusion de son enquête, la Minusma invite d’ailleurs Paris et Bamako à conduire «une enquête indépendan­te, crédible et transparen­te » de leur côté.

Et pour la suite? «On est dans une situation de conflit armé non internatio­nal dans cette affaire, indique Julien Antouly. Dans ce cas, on a tendance à penser à la Cour pénale internatio­nale, mais, en réalité, le premier juge responsabl­e de sanctionne­r les potentiell­es violations du droit humanitair­e reste le juge interne de chaque Etat.» Ce sera donc à la justice française de trancher, et de décréter d’éventuelle­s sanctions et réparation­s. Mais «ce qui s’est passé affaiblit politiquem­ent la France, souligne JeanPierre Maulny, directeur adjoint à l’Institut de relations internatio­nales et stratégiqu­es, et spécialist­e des questions de défense [lire l’encadré]. Il y a nécessaire­ment une guerre médiatique, une guerre de l’opinion. L’image que vous donnez dans les conflits armés est importante.» Barkhane mobilise actuelleme­nt 5100 soldats.

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Des soldats de la force Barkhane patrouille­nt à proximité d’un drapeau malien.

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