20 Minutes (Rennes)

Les primoaccéd­ants revoient leurs projets

La crise a considérab­lement affecté les projets des candidats à l’achat

- Camille Poher

Ils ont entre 25 et 35 ans, cherchent des biens allant du studio au trois pièces et, comme leur nom l’indique, ils accèdent à la propriété pour la première fois. Vous les aurez reconnus, ce sont les primo-accédants. Douze mois après le début de la pandémie, leur profil, leurs envies ainsi que le marché ont bien changé.

« Covid ou pas Covid, les primo-accédants on les reconnaît dès la première visite », sourit Camille Dolfus, mandataire indépendan­te pour le réseau IAD. « Ils sont souvent assez angoissés et ils ont toujours beaucoup de questions. » Une constante dans la forme, mais qui a varié dans le fond depuis le début de la crise sanitaire si l’on en croit la jeune agente immobilièr­e: « Avant le Covid19 un bien pouvait partir en quelques jours. Aujourd’hui, les acheteurs sont beaucoup plus dans l’attentisme. » Meilleur bien, meilleur prix, meilleure affaire même, beaucoup s’imaginent le m2 plus vert ailleurs.

Et le Covid-19 semble aussi avoir contaminé les critères de ces jeunes acquéreurs. Étage élevé, espace aménageabl­e en bureau ou même petit extérieur, le soin apporté au chez soi gagne du terrain.

« Je n’ai jamais autant entendu parler de “vue ciel” que depuis le Covid », raconte ainsi Camille Dolfus. Parfois, la vue ciel ne suffit pas et c’est tout un projet de vie en milieu urbain qui est remis en question. C’est le cas de Lara Jane, directrice de projet dans une agence de publicité qui vient de quitter son 45 m2 avec balcon pour acheter une maison dans le Val-de-Marne. « J’ai grandi en banlieue, mon conjoint aussi et nous avons toujours assumé le désir de ne pas vouloir y retourner », explique ainsi la jeune femme. Pourtant dès le premier confinemen­t en mars 2020, la possibilit­é d’un autre mode de vie a commencé à germer au sein de son foyer. « C’est lors du second confinemen­t que tout a pris sens. Nous avons réalisé que les choses n’allaient pas tout de suite, voire plus jamais, revenir à la normale. » En quelques mois, Lara Jane et son fiancé vont ainsi exercer un virage à 180° en achetant une maison avec jardin en banlieue.

« On ne m’a jamais autant parlé de “vue ciel” que depuis le Covid-19. »

Camille Dolfus, mandataire IAD

Des projets revus à la baisse

Moins chanceux, certains primo-accédants doivent, eux, opérer une véritable marche arrière dans leur projet d’achat. Amélie, graphiste indépendan­te et Julien, directeur artistique en CDI ont ainsi vu leur budget divisé d’un tiers à la suite du premier confinemen­t. « Alors qu’avant la crise, nous pouvions faire un emprunt commun, avec le Covid, notre courtier nous a prévenus que les banques ne prêteraien­t plus aux indépendan­ts. » Amputé de la part d’Amélie,le couple a dû renoncer à son projet. Si l’on en croit Florian Patault, ce ne sont pas les seuls : « Beaucoup de ces acheteurs ont perdu leur capacité d’emprunt, car la majorité des banques sont très frileuses depuis le premier confinemen­t».

Le gel du taux d’endettemen­t, mais surtout l’exigence d’un apport toujours plus conséquent empêchent ainsi de nombreux primo-acheteurs de sauter le pas. A croire que, pour se protéger, les banques préfèrent vacciner définitive­ment les millenials contre tout achat.

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E. Shliyapnik­ova

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