20 Minutes (Rennes)

La vie sur l’île de Guernesey, c’est open bar

Alors que la France doit se reconfiner, certains profitent d’une vie normale à quelques kilomètres des côtes bretonnes

- Camille Allain

C’est un environnem­ent que l’on n’a plus connu depuis plus d’un an. Une vie « normale », sans masque ni distanciat­ion, où les restaurant­s et bars sont ouverts. Sur l’île de Guernesey, les habitants n’entendent parler du coronaviru­s qu’au moment où ils allument la télé, le soir, pour regarder les informatio­ns d’Angleterre ou de France. « C’est comme si on vivait dans une bulle. On fait des barbecues avec les copains, on boit quelques bières. On vit normalemen­t, quoi », raconte Alan. Si elle est proche de la Normandie, Guernesey reste sous le contrôle de la couronne anglaise tout en gardant son autonomie, comme sa voisine, Jersey. L’île a compté plusieurs centaines de malades parmi ses 65 000 résidents. Treize personnes sont décédées mais l’épidémie ne s’est pas propagée. « Nous savions que nos deux hôpitaux ne pourraient pas faire face à un afflux massif de malades. Nous avons agi vite et sévèrement », relate le député local Jonathan Le Tocq dans un excellent français.

Dès le mois de mars 2020, son gouverneme­nt avait imposé un confinemen­t strict de douze semaines. A l’issue de cette période, chaque famille avait été autorisée à en revoir une autre, puis deux, puis trois. Avec un système volontaris­te de « contact tracing » et une fermeture stricte des frontières, l’île était parvenue à éradiquer le virus avant l’été. Si un habitant souhaitait quitter l’île, même pour aller à Jersey, il lui fallait effectuer un test à son retour et observer une quarantain­e de quinze jours à domicile. Depuis plus d’un an, Guernesey vit donc en autarcie, à huis clos. Si beaucoup sont privés de leur famille ou de leurs amis installés en France ou au Royaume-Uni, la plupart s’estiment privilégié­s. « Nous avons beaucoup de chance de vivre dans cette bulle. Ici, je me sens en sécurité », témoigne Ulisis, salarié d’un hôtel fermé depuis un an. En janvier, l’apparition de quatre nouveaux cas a contraint le gouverneme­nt à imposer un nouveau confinemen­t strict de huit semaines. Mais, depuis le 22 mars, la population profite d’un printemps radieux pour faire la fête.

Une stratégie de vaccinatio­n

Certains secteurs, comme le tourisme, souffrent mais cela semble le prix à payer pour être tranquille. Les responsabl­es locaux espèrent rouvrir les frontières avant l’été. Pour cela, ils comptent sur une campagne de vaccinatio­n volontaris­te : un tiers des résidents ont reçu leurs deux injections. « Nous discutons des conditions de retour des touristes. Est-ce que nous mettrons en place un passeport de vaccinatio­n ? Je l’ignore encore », confie Jonathan Le Tocq. Certains ne semblent pas pressés de voir les touristes revenir, par crainte de l’épidémie. « Je préfère attendre que ça redescende. Franchemen­t, je ne pense pas que l’île rouvrira cet été », commente le gérant d’un pub.

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Sur l’île, qui dépend de la couronne britanniqu­e, les restaurant­s sont ouverts.

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