20 Minutes (Rennes)

Le coach du Losc, Christophe Galtier, entraîne « 20 Minutes » sur le terrain de l’intime

L’entraîneur du Losc, Christophe Galtier, s’est épanché sur sa vie privée

- Propos recueillis à Lille par François Launay

Quand on lui a proposé une interview centrée sur l’homme et non sur l’entraîneur, Christophe Galtier a rapidement donné son accord à 20 Minutes. Mardi, au domaine de Luchin, près de Lille, le coach du Losc, leadeur de L1 qui se déplace ce vendredi à Metz (21 h), est venu parler de lui et de ses passions comme rarement.

A quand remonte votre premier souvenir de foot ?

C’était au stade Gerland. Je suis né à Marseille, mais quand j’avais 2 ans, mon père, qui était policier, a été muté à Lyon. A l’époque, la sécurité était assurée par les policiers dans le stade. Mon père était souvent de mission à Gerland et, un jour, il nous y a amenés avec mes frères. J’avais 6 ans et je me souviens bien de Lacombe, Domenech, qui était pied-noir comme mes parents.

Vos parents sont des rapatriés d’Algérie. Avez-vous gardé des liens avec ce pays ?

Mes parents et mon frère aîné sont nés là-bas. J’ai souvent entendu mes parents parler de ce fameux déchiremen­t avec leurs amis et la famille. J’ai d’ailleurs été marqué par le film Le Coup de sirocco, où on voit Marthe Villalonga à la gare. Elle vient d’être rapatriée et on la prend pour une mendiante. Ma mère pleure à chaque fois devant cette image-là. Je sais que ça a été très dur pour eux, mais je leur ai dit un jour que ce pays appartenai­t aux Algériens et pas aux Français. Ils ont été choqués, car ma famille a été touchée personnell­ement par ce conflit. Il y a eu des décès. Mais je le pense profondéme­nt.

Est-ce pour cela que votre joueur préféré est Zidane ?

Oui. Moi qui suis un fils de rapatriés, c’est vraiment le symbole de l’intégratio­n réussie. Je ne pense pas qu’il veuille l’être mais, pour moi, il l’est.

En dehors du foot, quelles sont vos passions ?

J’ai cherché à me mettre au golf, mais j’ai arrêté, car c’est une passion qui demande beaucoup de temps. Puis j’ai découvert le vélo grâce à Julien Jurdie, le directeur sportif d’AG2R Citroën. Ça me permet de m’évader et de faire des efforts intenses sans avoir de douleurs, de brûler aussi des calories. Quand je suis sur mon vélo, je ne pense plus à rien.

Quel autre sport vous intéresse ?

Je suis un passionné de Formule 1, et un grand fan de Lewis Hamilton. Je trouve ce mec exceptionn­el. Si j’avais la possibilit­é de passer une heure avec lui, j’aurais beaucoup de questions à lui poser.

En dehors du sport, qu’est-ce qui vous plaît dans la vie ?

La mer. Pour tout ce qu’elle représente. Comme les souvenirs que j’ai avec mon père, qui y repose désormais. J’aime la mer quand elle est calme, belle ou déchaînée. J’ai toujours besoin d’aller m’y ressourcer.

« Pour moi, fils de rapatriés, Zidane est le symbole de l’intégratio­n réussie. »

« J’adore le faceà-face présidenti­el. Je regarde ça sur un plan tactique. »

La politique, ça vous plaît ?

Oui. J’adore les débats et en particulie­r le face-à-face présidenti­el. Je regarde ça sur un plan tactique : comment ils sont physiqueme­nt, comment ils vont chercher le regard de l’autre, comment ils vont faire pour faire sortir l’autre de ses gonds.

Vous savez vous placer sur l’échiquier politique ?

J’ai grandi dans une famille de droite, mais je ne crois pas être un homme de droite. Je ne crois pas, non plus, être un homme de gauche. Il faut que je sois touché par la personne. Je m’y intéresse aussi parce que l’avenir de mon pays m’intéresse. Et là, ce qui arrive au président, pour qui j’ai beaucoup de considérat­ion, est difficile.

On sent que vous aimez beaucoup la France.

Ah oui, j’aime la France. Et j’adore les différence­s entre les régions et les gens. Dans le Sud, ça parle beaucoup. Dans le Nord, il y a plus de retenue. Mais une fois qu’on est entré dans le foyer, c’est à vie.

On dit que c’est votre femme qui vous drive...

Elle n’aime pas ce terme, mais c’est elle qui gère le quotidien. Et puis, surtout, elle est capable de me dire ce que les autres ne peuvent pas me dire. Il y a quelques semaines, j’ai pété les plombs en traitant l’arbitre de malhonnête. Quelques heures après, elle est venue me dire : « Qu’est-ce que tu as fait ? Tu es ridicule. »

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France