20 Minutes (Rennes)

Coronaviru­s

Près d’un patient sur deux en réa est obèse, mais ceux de moins de 50 ans restent inéligible­s au vaccin

- Anissa Boumediene

Dans les services de réanimatio­n, près de la moitié des patients Covid-19 sont en surpoids (47 % depuis début 2021). Pourtant, seules les personnes obèses de plus de 50 ans sont aujourd’hui éligibles à la vaccinatio­n. Pour les moins de 50 ans, il faudra attendre la dernière phase, qui ouvrira la vaccinatio­n à toutes les personnes de plus de 18 ans. Comment expliquer ce choix dans la stratégie vaccinale?

« Je pense que c’est une question de chiffres : il n’y a pas assez de vaccins pour tout le monde et 8 millions de personnes obèses en France, sans compter celles en surpoids », estime Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associatio­ns d’obèses. Pour Djillali Annane, chef du service de réanimatio­n de l’hôpital Raymond-Poincaré à Garches (Hautsde-Seine), il n’y a pas que ça : « Je trouve curieuse la stratégie de vaccinatio­n en France, cette volonté d’avoir une logique établie sur des population­s prioritair­es conduit à une campagne de vaccinatio­n très lente et source de frustratio­n. » Une perte de temps, mais aussi «une perte de chances à tous niveaux pour les personnes obèses et leur santé », regrette Anne-Sophie Joly.

Un rapport publié en mars par la Fédération mondiale de l’obésité, qui compile des dizaines d’études menées à travers le monde, confirme que les pays dont la population compte une proportion importante de personnes en surpoids sont les plus durement touchés par le Covid-19, avec un taux de mortalité beaucoup plus élevé. « Il faut que ça cesse : si l’obésité était mieux prise en charge par le système de santé, il n’y aurait pas eu 100 000 morts du Covid-19 en France », assure Anne-Sophie Joly. « Toute personne obèse devrait pouvoir être vaccinée dès maintenant, quel que soit son âge », prescrit le Pr Annane. D’autant que l’apparition des variants du coronaviru­s a modifié le profil des patients admis en réanimatio­n, qui sont de plus en plus jeunes. « Evidemment, avec nos services totalement saturés, je n’ai pas la possibilit­é d’aller prêter main-forte dans les centres de vaccinatio­n, confie le Pr Annane. Mais si c’était le cas et qu’une personne obèse jeune se présentait pour recevoir le vaccin, je le lui administre­rais tout de suite. »

« Toute personne obèse devrait pouvoir être vaccinée dès maintenant. » Djillali Annane, réanimateu­r

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A ce jour, en France, 47 % des patients Covid-19 admis en réanimatio­n souffrent d’obésité.

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