20 Minutes (Rennes)

« Ce n’était pas une longue ligne droite vers le succès »

Finaliste universita­ire aux EtatsUnis, Joël Ayayi espère être drafté en NBA

- Propos recueillis par Nicolas Camus

Une saison parfaite… jusqu’à la dernière marche. Après 31 victoires d’affilée, le Français Joël Ayayi et son équipe des Gonzaga Bulldogs se sont inclinés début avril en finale de NCAA, le prestigieu­x championna­t universita­ire américain de basket. Le Bordelais de 21 ans a réalisé une saison pleine (12 points, 6,9 rebonds et 2,7 passes de moyenne), au point de se sentir prêt à postuler à la Draft NBA, en juillet.

Qu’est-ce qui vous a poussé à venir tenter votre chance en NCAA ?

Ce qui m’a attiré, c’est le niveau de la compétitio­n, la charge de travail et les challenges que j’allais devoir relever. C’était la meilleure chose à faire pour moi si je voulais ensuite franchir le pas et jouer en NBA. C’était la chose la plus proche niveau qualité de jeu, concurrenc­e, culture. Je pense avoir montré que j’ai fait le bon choix, même si ça a pris du temps et que ce n’était pas une longue ligne droite vers le succès. Lorsque je commencera­i en NBA, je connaîtrai la culture, le niveau physique, plein de petites choses qui m’aideront.

Qu’est-ce qui vous a marqué quand vous avez débarqué en NCAA ?

C’est vraiment le niveau des athlètes que tu affrontes tous les jours. Leur habilité, la manière dont ils se déplacent sur le terrain, la vitesse… Il faut un peu de temps pour s’adapter, trouver son rythme.

La première année à Gonzaga, vous n’avez pas joué...

Ça faisait partie des challenges que j’étais venu chercher, donc je n’allais pas me plaindre. Je me suis dit qu’il était temps de m’y mettre, tout simplement. Mon seul projet était d’être meilleur chaque jour, de m’améliorer, et à Gonzaga, j’en avais l’opportunit­é, même sans être sur le terrain.

Qu’est-ce qui était le plus dur, au début ?

Niveau langage, en France, j’étais bon en cours d’anglais, je me sentais confiant en arrivant. Mais, en fait, tu te rends vite compte que non, t’es pas bon du tout. Ils parlent un anglais de rue, comme nous on parle un français de rue. Il a fallu l’apprendre, comme celui que t’utilises sur le terrain, qui est encore différent. Ensuite, la culture, la nourriture, c’était un monde nouveau. Physiqueme­nt aussi, il a fallu s’adapter. J’avais 17 ans, j’étais frêle, je jouais parfois contre des mecs de 21-22 ans, ultraphysi­ques. Il a fallu être patient.

Aujourd’hui, avez-vous l’impression d’être là où vous vouliez être en arrivant aux Etats-Unis ?

Je me suis offert l’opportunit­é d’être dans une position idéale.

Quand on voit le nombre de joueurs en NCAA, ou dans le monde entier, qui voudraient jouer ne serait-ce que trente minutes dans une des meilleures équipes universita­ires du pays, je peux me considérer en bonne posture. Je suis prêt en tant que joueur, et c’est un sentiment plaisant, c’est sûr.

La NCAA est connue pour ses ambiances extraordin­aires. Cette saison à huis clos a été frustrante…

Ici, les gens se définissen­t par le college

[l’université] où ils sont allés. Même quand ils sont vieux, ils gardent ça en eux pour toujours, cette fierté, cet amour pour leur école. C’est pour ça que le sport universita­ire est si populaire. Il y a toujours une part de soi liée à ça. J’ai fait des matchs dans des stades de foot américain, avec 70 000 personnes qui sont dans tes oreilles. C’est sûr que cette saison a été frustrante. Il y a le sentiment d’être passé à côté de moments uniques.

L’an dernier, vous vous étiez présenté à la Draft « pour voir ». Quelle expérience en avez-vous tiré ?

J’avais adoré le process, mettre ton nom, récupérer des infos, savoir un peu ce que les équipes pensent de toi, où tu dois travailler. Ça permet d’être un peu plus serein par rapport à sa décision. Tu joues avec ta vie quand même. Si jamais tu sors du

college et que tu n’es pas drafté, tu n’as plus qu’à tenter de trouver une place quelque part dans le monde. Ça m’a bien aidé pour savoir où j’en étais.

Quand on arrive en NBA en tant que Français, l’exemple, c’est Tony Parker ?

C’est sûr. Ma génération, c’est Tony Parker, Boris Diaw, Ronny Turiaf… Ce sont eux qui nous ont inspirés. Si on me propose aujourd’hui d’avoir la carrière de TP, évidemment je signe. C’est un pionnier, il a ouvert toutes les portes pour nous. Les gens ne se rendent pas assez compte de ce qu’il a fait, à quel point il est respecté ici et a changé les choses pour le basket français.

Il a montré que c’était possible de réussir sur la durée, c’est ça ? Car on voit que ce n’est pas parce qu’on est drafté qu’on est arrivé….

C’est le premier à avoir joué des finales, à remporter des titres, dans une franchise historique. Ça permet à beaucoup d’enfants de se dire : « C’est possible, lâche pas. » Ils ont un visage à afficher sur leur mur pour s’inspirer, se dire que c’est là où ils ont envie d’aller, que lui l’a fait, alors pourquoi pas eux ?

« Tony Parker, Boris Diaw, Ronny Turiaf… Ce sont eux qui nous ont inspirés. »

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