Les États-Unis jouent à se faire peur avec « Civil War »
Cette dystopie en salles ce mercredi imagine une nouvelle guerre de Sécession entre Texas et Californie
Les Américains aiment imaginer le pire. Civil War d’Alex Garland cartonne au box-office, où il a déjà récolté 27,5 millions de dollars, un week-end triomphal pour un film de science-fiction. Le studio A24, déjà présent sur Everything Everywhere All at Once, semble tenir une nouvelle pépite avec cette dystopie suivant une poignée de journalistes (dont deux incarnées par Kirsten Dunst et Cailee Spaeny) qui essaient de rendre compte du conflit dans un road-movie impressionnant. Le réalisateur de Men s’amuse à imaginer une nouvelle guerre de Sécession entre le Texas et la Californie. « La guerre civile moderne n’a rien à voir avec ce qu’on a pu voir précédemment, explique Alex Garland dans le dossier de presse. De nos jours, il s’agit d’un effondrement dans tous les domaines. Le véritable risque, c’est la désintégration. » Et pour désintégrer, ça désintègre façon puzzle avec beaucoup de pièces. C’est terrifiant de voir Jesse Plemons en facho de première catégorie liquider paisiblement les « étrangers », et angoissant de reconnaître des décors familiers, transformés en zone de guerre avec une touche de réalisme.
Action, horreur et politique
Alex Garland joue diaboliquement sur ces angoisses du public de 2024 à la veille d’élections qui pourraient assurer une nouvelle victoire à Donald Trump. L’habilité de sa mise en scène fait qu’on y croit juste assez pour frissonner bien comme il faut. Mais elle fait qu’on demeure aussi du côté de la fiction. Un mélange de scènes d’action dignes d’un Roland Emmerich offre une belle dose de décharges d’adrénaline avec une petite dose d’atmosphère horrifique à la Stephen King ou Frank Darabont de The Mist. Si les personnalités des « méchants » et le détail de leurs motivations restent schématiques, on accepte volontiers ces codes du genre. L’ensemble puise des éléments dans la réalité politique de l’Amérique actuelle, mais demeure trop caricatural pour être pris totalement au sérieux. Civil War n’a pas plus de visée documentaire que L’Aube rouge (1984) de John Milius qui imaginait les États-Unis envahis par les Soviétiques. Certes, l’intrigue frappe ici plus près de l’os en s’inspirant librement d’événements réels récents. On ne peut cependant pas mettre de côté les approximations du scénario. Bien qu’on s’en satisfasse pleinement en tant que spectateur friand de divertissement musclé et un brin horrifique, il semble exagéré d’y voir une oeuvre visionnaire. Enfin, on l’espère.
« Le véritable risque, c’est la désintégration. » Alex Garland, réalisateur