20 Minutes (Strasbourg)

Des échanges à couper le sifflet

Arbitres et joueurs s’en disent des choses sur les terrains, mais lesquelles au juste ?

- Romain Baheux

Un penalty. Un carton rouge. Un hors-jeu litigieux. Et nous voilà partis pour contempler pendant de longues secondes la discussion animée entre joueurs et arbitre. Le spectacle est classique, mais n’en reste pas moins un poil mystérieux : que se disent-ils ? Et comment ? Et puis dans quelle langue ? Plongée dans le dialogue siffleur-sifflés à l’occasion des Journées nationales de l’arbitrage, organisées par La Poste.

On se tutoie ? « Vous voulez un soin ? » Rendons grâce à ce micro, tourné vers la bouche de Stéphane Lannoy lors de la finale de la Coupe de la Ligue 2012. Outre l’immortalis­ation de répliques cultes, il avait permis de constater que le « vous » était en vogue sur les pelouses. Dans un sens, comme dans l’autre. « Même si on se connaît, je préfère un vouvoiemen­t naturel qu’un tutoiement forcé, explique Clément Turpin, seul arbitre français présent à l’Euro 2016.

Et on parle quelle langue ? Tant qu’il restera plus de Nicolas Seube que d’Angel Di Maria en Ligue 1, essentiell­ement le français. « On dit que le langage du football est universel, mais pour moi, ça doit surtout passer par des regards et des gestes, détaille le directeur technique de l’arbitrage Pascal Garibian. Notre chance, c’est que beaucoup maîtrisent un peu d’anglais. »

Alors, on peut toucher l’arbitre ou non ? En 2013, le défenseur du PSG Thiago Silva s’était mangé un rouge pour avoir pris Alexandre Castro par l’épaule. Trois ans plus tard, le geste est toujours courant. « Dans les formations, on parle toujours de distance sociale qui correspond à la longueur du bras. Maintenant, il ne faut pas s’interdire de sortir du cadre selon le contexte, explique Clément Turpin. Je ne suis pas fan de la main sur l’épaule, du contact physique forcé, mais je ne vais pas tout de suite mettre une barrière en criant : “Stop, on ne me touche pas.” On peut se retrouver à accepter la proximité selon l’action. »

Et la contestati­on, ça se passe comment ? « On travaille sur la communicat­ion, on n’a aucun problème à revenir posément sur les choses si cela se fait dans le respect », explique Pascal Garibian. « Se justifier est un devoir, poursuit Turpin. Il faut se mettre à la place du joueur qui subit une décision défavorabl­e. Maintenant, il faut que cela se fasse vite, via un ou deux mots bien choisis. Par contre, je ne réponds jamais si on court vers moi les bras levés en hurlant. » Ce qui, on le rappelle, n’a jamais annulé un penalty.

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Le Bastiais Yannick Cahuzac (à dr.) calmé par l’arbitre Johan Hamel.

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