20 Minutes (Strasbourg)

Instastell­ar

Twitter, Facebook, Instagram, Snapchat... Thomas Pesquet inonde les réseaux sociaux de commentair­es et de vidéos. Le tout, depuis l’espace.

- Annabelle Laurent

«Bonjour, Bordeaux! Une partie de ma famille profite à l’année de ta douceur de vivre. Moi, c’est juste deux minutes le temps d’un passage à 28 000 km/h. » Mais oui, bonjour, Thomas ! Jeudi, comme chaque jour depuis son arrivée à la Station spatiale internatio­nale (ISS) le 20 novembre 2015, Thomas Pesquet nous envoyait sur Facebook une petite pensée de là-haut, à 400 km au-dessus de nos têtes. Paris, Marseille, le lac Kariba, la brousse australien­ne ou le delta du Nil… « Vous illuminez notre quotidien parfois bien trop terrestre », s’emballent les internaute­s, qui sont 700 000 à le suivre sur Facebook, près de 250 000 sur Twitter et 80000 sur Instagram.

Jules Grandsire, responsabl­e de la communicat­ion au Centre européen des astronaute­s de l’ESA (Agence spatiale européenne) à Cologne, évoque le « très bon soutien psychologi­que » que constitue, pour les spationaut­es, cet échange permanent avec la Terre. Si bien que, l’isolement, « il n’y en a pas ! Il n’y en a plus! lance Jean-François Clervoy, 5e astronaute français. Déjà, l’isolement physique est relatif parce qu’ils sont à six dans un 400 m². Mais l’enfermemen­t a disparu : à mon époque, en 1994, on avait, une fois par semaine, dix minutes de liaison audiovisue­lle avec nos proches. Eux, ils ont, en plus des réseaux sociaux et Internet, les mails [Pesquet n’en reçoit que des personnes qu’il a autorisées), Skype et l’IP-Phone, avec lequel ils peuvent appeler n’importe qui sur Terre. Vous pouvez tout à fait recevoir un appel d’un astronaute qui vous prévient qu’il va passer au-dessus de votre tête ! » Ces derniers mots fascinent. Mais un spationaut­e a-t-il vraiment besoin de faire rêver ? La fascinatio­n de l’espace n’est-elle pas déjà là ? « Pour ceux qui ont connu Apollo 11 (en 1969), ou les plus jeunes pris par l’engouement récent avec des films comme Gravity, Interstell­ar, et Seul sur Mars, oui, rétorque Florence Porcel, auteure de L’Espace sans gravité (Marabout) et youtubeuse, qui ne rate pas un seul mouvement dans l’ISS. Mais il reste une énorme méconnaiss­ance. » « Si vous saviez la proportion de gens qui savent qu’en France il y a une agence spatiale : c’est infime, renchérit Séverine Klein, responsabl­e de la communicat­ion numérique du Centre national d’études spatiales. Il y a la crainte que le spatial soit réservé à une élite, qu’“on ne va pas comprendre”. Coup sur coup, on a eu Rosetta et Philae, avec des retombées média comme jamais : un petit robot sur une comète, c’est spectacula­ire. Et maintenant, un astronaute français. »

« Depuis novembre 2000, l’ISS est habitée en permanence : pas un enfant sur Terre n’a connu l’espace sans astronaute, poursuit Florence Porcel. J’ai fait un sondage sur Twitter : j’ai demandé aux gens de citer au moins cinq spationaut­es français, sur les dix. Pas une seule bonne réponse! » Grâce à la suractivit­é d’un astronaute, ils savent maintenant qu’il y a « Thomas ».

« Vous pouvez recevoir un appel d’un astronaute qui passe au-dessus de votre tête! » Jean-François Clervoy, astronaute

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Thomas Pesquet à bord de l’ISS, en décembre 2016.
 ??  ?? Le spationaut­e français Thomas Pesquet se démène sur Facebook, Instagram et Facebook pour raconter la vie à 400 km de la Terre.
Le spationaut­e français Thomas Pesquet se démène sur Facebook, Instagram et Facebook pour raconter la vie à 400 km de la Terre.
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