L’art d’exister dans l’ombre de Thierry Omeyer
Le gardien des Bleus laisse peu de place à la concurrence
Le grand public l’a sans doute découvert mercredi. Vincent Gérard a eu le droit d’aller tâter le Taraflex de Bercy durant trente minutes, lors du match d’ouverture du Mondial remporté par les Bleus. Elu homme du match, il a multiplié les arrêts (8 sur 16) en deuxième période. Franchement, on a trouvé ça chouette. Car le portier de Montpellier occupe peut-être le poste le plus ingrat de l’histoire du hand : être la doublure de Titi Omeyer, 40 ans et toujours au niveau.
Un rôle spécifique
En gros, même si vous êtes au top, vous ne serez jamais que le second. « Quand on est derrière un gardien comme ça, on ne peut qu’apprendre, assure Vincent Gérard. Je suis très heureux de mon rôle et je l’accepte pleinement. » Cela semble devoir être le lot de tous ceux qui se sont succédé à ce poste. « Omeyer n’a laissé que des miettes, relève Cyril Dumoulin, non retenu pour ce Mondial. Mais ce n’est pas un hasard. On ne le laisse pas là parce qu’on l’aime bien. » Si l’ARGRTO, la célèbre association pour la reconnaissance du gardien remplaçant de Titi Omeyer, existait ailleurs que dans notre cerveau, elle serait présidée par Daouda Karaboué. De 2004 à 2013, il a tenu la baraque, dans l’ombre. « Je croyais être un vainqueur, un battant, mais en travaillant avec Thierry, j’ai compris que j’étais un petit garçon », expliquait « Doudou » dans Le Monde. Ce rôle de n° 2 « est très spécifique, détaille Gérard. Il faut rester constamment sous pression alors que l’on peut très bien ne pas jouer une minute ». Les occasions de briller sont rares : un score fleuve, un pénalty pour perturber le tireur adverse, ou compter sur les rares contre-performances de Thierry Omeyer (oui, c’est possible). « Il ne faut pas forcément avoir la volonté d’être décisif, sinon on va surjouer, reprend Dumoulin. Il faut “juste” éteindre le feu quand c’est nécessaire. » Avant de laisser Omeyer manger à nouveau du regard l’impétueux qui ose se présenter devant son but.