Le Sepp Blatter africain est toujours à son affaire
La CAN s’ouvre dans un contexte particulier pour le patron de la Confédération africaine
Président de la Confédération africaine de football (CAF) depuis 28 ans, le Camerounais est un homme puissant. Très puissant. Au point, même, d’être désigné président par intérim de la Fifa, l’an passé, quand Sepp Blatter et Michel Platini naviguaient en eaux troubles. Alors que débute, samedi, la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Gabon, Hayatou, a lui, survécu à toutes les affaires qui ont touché les hauts dirigeants de la Fifa. Rien ne l’a fait vaciller, pas même le versement de 1,8 million d’euros du Qatar à la CAF en 2010. Hayatou a même fait sauter la limite d’âge qui aurait dû l’envoyer à la retraite.
Un leader autoritaire
Malgré une récente transplantation rénale, il envisage même de se présenter pour un huitième mandat. « Il est légitime, mais a-t-il vraiment fait avancer le foot dans le continent, s’interroge Kaba Diawara, l’ancien attaquant du PSG. On est la plus grosse confédération (54 pays) et on n’a toujours que cinq pays à la Coupe du monde ».
Une injustice qui ne devrait pas durer avec le passage du Mondial à 48 pays. Hayatou n’y est sans doute pas pour rien, lui qui avait déjà contribué avec Blatter à l’organisation de la première Coupe du monde sur le sol africain, en 2006. « Gérer autant de fédérations, c’est très complexe, et ça fait trente ans qu’il y arrive, s’emballe Eric Durand, ami personnel d’Hayatou et patron de l’Ifap, une agence marketing qui s’occupe de commercialiser les droits de plusieurs compétitions africaines. C’est un monstre. » Un leader aux accents autoritaires quand on touche à sa CAN. Après la fusillade du bus de la délégation togolaise à Cabinda en 2010, au cours de laquelle deux membres du staff togolais avaient perdu la vie, la CAF avait décidé… de suspendre le Togo pour les deux éditions suivantes de la compétition !
Pire, Hayatou n’avait pas daigné prendre des nouvelles de Kodjovi Obilalé, gravement touché et miraculé de la catastrophe. « La CAF n’a pas versé un centime de mes frais médicaux, déplore aujourd’hui l’intéressé, qui a raconté son histoire dans Un destin foudroyé (Talent Sport). Ce qui a été fait au Togo après, on a trouvé ça dégueulasse. » Un avis partagé par beaucoup d’opposants au président gabonais Ali Bongo, qui a hérité de sa deuxième CAN en cinq ans malgré les émeutes suscitées par sa réélection l’été dernier. Le genre de détails dont a appris à ne pas se formaliser Issa Hayatou.