Figure de pro
Plus le temps de flâner. Sur le Vendée Globe, les skippers privilégient la gagne à l’épopée, comme le leader, Armel Le Cléac’h, attendu ce jeudi aux Sables-d’Olonne.
Certains viennent encore pour l’aventure. L’essence même du Vendée Globe. Celle qui, paraîtil, se perd au profit des compétiteurs ultra-sophistiqués dont le seul but est la victoire, à l’instar d’Alex Thomson et Armel Le Cléac’h (qui devraient arriver aux Sables-d’Olonne ce jeudi), dont l’aversion pour la défaite n’a d’égal que le talent de navigateur. « Ceux qui font actuellement la course en tête sont de vrais sportifs de très haut niveau, qui ont plus un profil de footballeurs ou de cyclistes professionnels que les marins des premières éditions », analyse Philippe Joubin, rédacteur en chef de Voiles et Voiliers et auteur de La Légende du Vendée Globe. Si la course en est venue à devenir une compétition sportive aux yeux d’un tiers des participants, on le doit, en partie, au seul double vainqueur de l’épreuve (2001, 2009), Michel Desjoyeaux, qui ne supportait pas le côté « aventure » du Vendée Globe (lire ci-dessous).
« Des marins ingénieurs »
Dans son sillage, son protégé, François Gabart, mais aussi des hommes d’expérience comme Jean Le Cam, Vincent Riou ou Jean-Pierre Dick. Si tous ont en commun l’amour de la compétition, Philippe Joubin trace une ligne entre l’ancienne et la nouvelle garde sur le plan humain. « Comme dans beaucoup de sports, ils ont une façon de parler très cartésienne qui laisse peu de place à l’affect et à l’émotion. L’hyper-professionnalisme nuit à l’épaisseur des personnages. » Gagnants, plats, et parfois hautains, ils n’en demeurent pas moins marins. « Ce ne sont pas des “pilotes”. Ce sont des marins polyvalents, avec un haut degré de préparation physique et technique. On est dans l’ère des marins ingénieurs. » Qui n’ont que la gagne en bouche.