20 Minutes (Strasbourg)

« PenelopeGa­te », une aubaine pour masquer les affaires de Marine Le Pen ?

Accusée elle aussi d’emplois fictifs, Marine Le Pen peut-elle tirer parti de l’affaire Fillon ?

- Laure Cometti

Elle est sortie de son silence. A son tour, Marine Le Pen a réagi, mercredi, à l’affaire Fillon : « Une relation de confiance est rompue (…) c’est à lui de tirer les conséquenc­es, ou à sa famille politique. » Le PenelopeGa­te est « du pain bénit pour le FN, qui dénonce depuis trente ans les élites politiques », observe Gilles Ivaldi, chargé de recherches en sciences politiques au Centre national de la recherche scientifiq­ue (CNRS). « Marine Le Pen va profiter en partie de la baisse de François Fillon dans les intentions de vote. Avec le morcelleme­nt de la gauche entre les candidats Hamon, Mélenchon et Macron, le contexte est favorable à la candidate », poursuit-il.

Stratégie de victimisat­ion

L’exercice s’avère toutefois délicat : comment taper sur l’emploi fictif de Penelope Fillon alors que Marine Le Pen doit elle-même rembourser 300 000 € au Parlement européen pour l’emploi de deux assistants parlementa­ires qui auraient travaillé essentiell­ement comme permanents pour le FN? Cette affaire « va à l’encontre d’une des lignes de communicat­ion du FN : “Tête haute et mains propres”, comme disait Jean-Marie Le Pen », note Emmanuelle Reungoat, maîtresse de conférence­s en sciences politiques à l’université de Montpellie­r. Pour s’en sortir, Gilles Ivaldi remarque que « Marine Le Pen utilise un avantage : le FN est depuis toujours hors du système, contrairem­ent à un candidat comme François Fillon. Elle se pose en victime du système et de l’Union européenne, qui s’acharnerai­t car elle s’oppose à Bruxelles. » Après avoir été un peu éclipsée par les deux primaires, la candidate du FN a récemment dégainé quelques mesures fortes, à J-80 du premier tour. Jeudi, elle a annoncé une taxe pour les employés étrangers pour inciter à la préférence nationale. Mercredi, elle avait déclaré que le rétablisse­ment de la peine de mort, marqueur du FN historique, ne figurera pas dans son programme (même si les Français pourront se prononcer via un référendum d’initiative populaire). « Elle avait anticipé que les primaires monopolise­raient les médias. Pendant cette séquence, des thèmes chers au FN ont été peu abordés, comme l’immigratio­n, le chômage. Marine Le Pen vise désormais à réoccuper l’espace et à remettre ses enjeux au coeur de la campagne, reprendre la main sur l’agenda politique. » Prochain rendez-vous dans son agenda : le lancement officiel de sa campagne présidenti­elle, ce week-end, à Lyon.

 ??  ??
 ??  ?? La candidate du FN à la présidenti­elle, mercredi, au Salon des entreprene­urs, à Paris.
La candidate du FN à la présidenti­elle, mercredi, au Salon des entreprene­urs, à Paris.

Newspapers in French

Newspapers from France