Les promesses humanitaires n’ont pas toutes été tenues
Le 18 mars 2016, l’accord – « historique » – entre l’Union européenne et la Turquie, promettait de « changer la donne ». Un an après, 20 Minutes dresse le bilan des principaux engagements humanitaires de cet accord controversé.
Les renvois vers la Turquie. En janvier, 20000 personnes étaient toujours bloquées sur les îles grecques. Depuis le 21 mars, 1 478 personnes ont été renvoyées vers Ankara. Un chiffre bien en deçà du nombre d’arrivées, accentuant la pression sur les camps. Selon l’ONG Amnesty International, les taux d’occupation des centres d’accueil de Lesbos, Samos et Kos oscillent entre 148 % et 215 %, dégradant les conditions de vie des réfugiés. De plus, l’accueil des 2,8 millions de Syriens en Turquie préoccupe les observateurs. « La première loi sur l’asile date de 2013 et n’est pas vraiment appliquée. Les Syriens travaillent de façon illégale et une majorité d’enfants ne sont pas scolarisées », souligne Shoshana Fine, chercheuse à Sciences Po.
La réinstallation des réfugiés en Europe. La France a accueilli 565 Syriens depuis le 4 avril 2016, contre 1 403 pour l’Allemagne ou 711 aux Pays-Bas. Au total, 3 730 Syriens ont été réinstallés au sein de treize pays membres de l’Union – la Hongrie, l’Autriche ou la Pologne refusent toujours de participer au programme. Ces chiffres restent bien loin des 34000 réinstallations fixées par l’accord pour les seuls Syriens. Les demandes d’asiles déposées en Grèce ont, elles, quadruplé depuis2015 (51 091 ont été enregistrées en 2016).
Le blocage des nouvelles routes de migration irrégulière. En octobre, un rapport de la mission d’information sur l’accord UE-Turquie au Sénat soulignait « la persistance des passages (…) aux frontières terrestres turco-grecque, turco-bulgare et gréco-macédonienne » contribuant à « entretenir les flux de départs depuis la Turquie ». Ils ont pourtant diminué. En octobre 2015, 10 000 personnes risquaient chaque jour leur vie en Méditerranée, contre 43 aujourd’hui. Les arrivées ont reculé de 98 % sur les îles grecques et le nombre de décès en mer Egée est passé de 1100 victimes à 70 en janvier, d’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).