«Infinity 8» mixe espace, humour et belles pépées
C’est l’un des projets SF les plus excitants – et ambitieux –qu’aient produit des auteurs de bande dessinée francophones depuis la série « L’Incal » de Moebius et Jodorowsky. D’abord parce qu’« Infinity 8 » réunit une brochette de « stars » du 9e Art (parmi lesquelles Lewis Trondheim, Zep, Olivier Vatine, Boulet, Fabien Vehlmann, Emmanuel Guibert). Ensuite parce que ce space opera humoristique repose sur un audacieux concept de « reboot » qui lui permet de décliner une même situation en une infinité, théorique, d’intrigues… D’abord publiés sous forme de fascicules façon « comic books », les épisodes de la série sont désormais regroupés en intégrales, dont le 3e volume, «L’Evangile selon Emma», vient de sortir. A cette occasion, 20 Minutes s’est entretenu avec Lewis Trondheim, co-créateur d’« Infinity 8 ». Cofondateur de la maison d’édition L’Association et Grand prix du festival d’Angoulême 2006, il est à l’origine du projet avec Olivier Vatine, créateur de la série SF « Aquablue », qui a aussi réalisé outre-Atlantique des albums de la franchise « Star Wars ».
A prendre au 42e degré
« Olivier m’a contacté parce qu’il avait envie de faire une série de SF conceptuelle, avec des filles à gros seins et un esprit sixties. Et il m’a demandé si j’avais une idée », raconte Trondheim. La série s’inspire effectivement des pulps, ces revues américaines bon marché des années 1950-1960 qui compilaient des récits sans prétention littéraire, mixant polar, horreur et érotisme bon enfant. Tout ça à prendre à ce 42e degré dont Trondheim s’est fait une spécialité. « Je laisse vraiment de la place à mes coauteurs, poursuit-il, qu’ils soient scénaristes ou dessinateurs. C’est eux qui choisissent ce qu’ils veulent faire. » Selon Lewis Trondheim, la réalisation à X mains « n’apporte pas de gain de temps dans la mesure où chacun doit s’adapter à l’autre. Mais, comme personne ne travaille de la même façon, on s’enrichit des qualités des autres. Et puis tout auteur de BD étant un peu bizarre – sinon, on n’exercerait pas ce métier (rires) –, chacun apporte des idées ou des solutions que je n’aurais jamais eues ».
«Infinity 8», tome 3 : L’Évangile selon Emma, de Lewis Trondheim, Fabien Vehlmann & Olivier Balez - Editions Rue de Sèvres, 17 €.