Pour éviter la radicalisation
Depuis 2015 à Mulhouse, un programme semble fonctionner
Dans un récent rapport, deux sénatrices ont remis le concept de déradicalisation en question. Mais au milieu, une expérience jugée « réussie » faisait exception : celle de Mulhouse. Depuis fin 2015, un programme prend en charge des individus soumis à des dérives radicales. L’initiative judiciaire veut apporter une réponse jusqu’ici inexistante. Orienté par les juges de la cour d’appel de Colmar et le tribunal de grande instance de Mulhouse, le dispositif intervient en amont d’une radicalisation violente. « On n’a pas la prétention de déradicaliser, on essaye d’arrêter l’hémorragie, de permettre une prise de conscience », clarifie le procureur de Mulhouse, Dominique Alzeari.
Un seul échec jusqu’ici
C’est que l’Alsace fait partie des régions les plus touchées par la radicalisation djihadiste (qui n’est néanmoins pas la seule dérive). Sur la trentaine de personnes détectées en plus d’un an, la moitié est passée entre les mains du dispositif. Un seul échec. Entre hommes ou femmes, mineurs ou majeurs, le programme veut fournir une réponse individuelle adaptée – sans théologie, néanmoins. Pour creuser l’histoire de chacun, la confiance paraît primordiale. Avant d’aborder la déconstruction de la radicalisation, les spécialistes de l’association coordinatrice Accord 68 sont donc chargés de poser les bases sereines au cours d’échanges d’évaluation, afin de trouver les points de cette emprise, estimée à Mulhouse comparable à celle d’une secte. A travers bon nombre d’ateliers ou d’activités, l’idée est ensuite d’aider à retrouver un libre arbitre au sein de la société. « Ce qu’on propose, c’est un accompagnement au changement, résume la psychologue Virginie Meister. Le but, c’est de créer une prise de conscience. » La dernière phase cherche enfin à construire un projet d’insertion, tout en encourageant à réfléchir sur ses croyances. Après Colmar en 2016, le programme pourrait maintenant être adapté à Strasbourg.