Gérard Depardieu, du 7e au 9e art
Mathieu Sapin raconte en bulle cinq ans du géant du cinéma
S’il est universellement reconnu comme un monument du cinéma mondial, Gérard Depardieu est aussi un personnage public parfois déroutant. Sous le masque du comédien surdoué se cache une personnalité complexe, que Mathieu Sapin a découverte en suivant Depardieu, cinq ans durant, sur différents voyages et tournages. Dans Gérard – Cinq années dans les pattes de Depardieu, l’auteur de BD – qui avait rapporté la marche de Hollande vers le pouvoir en 2012 dans Campagne présidentielle, puis son quotidien à l’Elysée en 2015 dans Le Château – révèle le monstre sacré du 7e art sous un jour inédit. D’Azerbaïdjan à l’Espagne, en passant par la Bavière, le Portugal et la Russie, Gérard Depardieu a beaucoup voyagé ces dernières années. Toujours avec Mathieu Sapin « dans les pattes ». Et ce dernier rapporte combien les gens adorent notre colosse national, qui le leur rend bien. « Gérard est beaucoup dans l’altérité, confirme l’auteur de « Supermurgeman ». C’est quelqu’un qui a l’habitude d’être au centre de toutes les attentions, mais qui observe aussi énormément les autres, avec beaucoup d’empathie. Il peut aussi bien être séduit par quelqu’un comme Poutine ou Sarkozy que par un pêcheur portugais, un chauffeur russe, un marchand de légumes azéri, parce qu’il s’est produit à un moment une rencontre forte. »
Mathieu Sapin
Depardieu est une icône mondiale. On le constate dans l’album, qui relate plusieurs situations au cours desquelles de simples quidams le reconnaissent (dans un aéroport international comme au fin fond d’une région désertique) et lui demandent un selfie – ce qu’il accepte toujours de bonne grâce. « Je voulais raconter ce paradoxe : cet homme, suite à un malentendu – à mon avis –, est en sorte de désamour avec la France et en même temps, il est la France! A l’étranger, il est tellement connu qu’il suffit de dire que tu viens de France pour qu’on te cite “Gérard Depardiou” (rires). Mais c’est normal, il parle supermal l’anglais, il aime la bouffe etc., tu ne peux pas faire plus français que lui dans l’imaginaire étranger. »
Passionné d’art
Dans la scène d’ouverture, Gérard Depardieu reçoit, pour leur première rencontre, Mathieu Sapin dans sa villa parisienne. On découvre que son salon des oeuvres de Camille Claudel, Bernard Quentin, Odilon Redon, Zadkine, Germaine Richier, Brancusi, André Lamy, etc. Et on assiste, plus tard, à une vente privée, à son domicile, de tableaux monumentaux au cours de laquelle on perçoit, à travers son dialogue avec des galeristes, sa profonde connaissance de l’art. On le voit refuser d’acheter un tableau après avoir décelé que ses vernis ont été mal réalisés. Ou critiquer la composition d’une pietà : « Si c’est pas Rembrandt, ça m’intéresse pas. »
« Tu ne peux pas faire plus français dans l’imaginaire étranger. »