20 Minutes (Strasbourg)

« Avec mon antenne, je perçois des couleurs extraterre­stres »

- Neil Harbisson Artiste espagnol d’origine britanniqu­e, cyborg depuis treize ans Propos recueillis par L. B.

Pour vous, que signifie « être un cyborg » ? C’est une manière de s’identifier. Quiconque s’identifie à un cyborg et se ressent comme tel est un cyborg. Vous êtes un cyborg si vous vous sentez relié d’une manière ou d’une autre à la cybernétiq­ue ou aux technologi­es. Quand avez-vous commencé à vous considérer comme tel ? Quand je n’ai plus vu de différence entre mon cerveau et le logiciel. Après avoir installé l’antenne, il a fallu cinq mois pour que je ne la distingue plus de mon corps. Et à peu près au même moment, dans mes rêves, j’ai commencé à percevoir les couleurs. Comment votre antenne fonctionne-t-elle ? L’antenne est un organe. Elle capte les fréquences lumineuses, de l’infrarouge à l’ultraviole­t, autour de moi et transmet des vibrations à une puce dans mon crâne. Ces vibrations deviennent des sons dans mon oreille interne. Chaque couleur correspond à une note, de l’infrarouge à l’ultraviole­t. J’ai un autre implant qui me permet de me connecter à Internet. Je peux recevoir les couleurs perçues par des appareils extérieurs. Avec cette connexion, je peux aussi me connecter à la Station spatiale internatio­nale. De cette manière, je perçois des couleurs extraterre­stres ! Comment imaginez-vous le futur du cyborg ? De plus en plus de gens vont commencer à avoir de nouveaux sens et de nouveaux organes. Nous devons nous tenir prêts. Cela va changer nos rapports les uns avec les autres ainsi que notre expérience de la réalité.

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