« Justice doit être faite »
Attablée à la terrasse d’un café d’Auxonne (Côte-d’Or), Florbela Dos Santos prend une dernière gorgée de Coca. Puis cette petite brune aux cheveux ondulés commence son récit. Celui d’une mère effondrée, menant un véritable combat pour connaître la vérité sur la mort de son fils. Qui s’en est pris à « Jon-Jon » dans la nuit du 13 au 14 avril 2007, à 40 m de chez elle ? Et pourquoi les agresseurs se sont-ils acharnés à ce point sur le jeune homme de 18 ans ? « Connaître la vérité ne va pas me soulager. Mais un crime a été commis et justice doit être faite », martèle-t-elle. Pas facile pour Florbela Dos Santos de raconter cette matinée où Jonathan, agonisant, est retrouvé par un livreur dans une petite cour, au pied d’un escalier. Lorsqu’il arrive aux urgences de l’hôpital central de Dijon, le jeune homme, né sans oreilles, a des vertèbres brisées, un double pneumothorax, trois fractures du crâne. Il décède six jours plus tard. « Il ne faut pas être humain pour faire cela », souffle-t-elle en essuyant ses larmes.
Constatations bâclées
Depuis dix ans, les meurtriers du jeune garçon courent toujours. « C’est une enquête extrêmement compliquée à mener », indique une source proche du dossier. Et de reconnaître que « les premières constatations n’ont pas forcément été bien faites ». En effet, les gendarmes ont trop rapidement délaissé la scène de crime. Et lorsque les techniciens en identification criminelle sont arrivés, quelqu’un avait méticuleusement nettoyé les lieux à l’eau de Javel, aisant disparaître définitivement de nombreux indices. Florbela Dos Santos s’étonne que la personne qui a fait cela ne soit pas poursuivie. Contacté, le parquet de Dijon n’a pas répondu aux questions de 20 Minutes. Un homme fut, un temps, mis en examen pour le meurtre de Jonathan. Il venait régulièrement voir sa compagne qui habitait l’immeuble devant lequel la victime a été retrouvée. Il est accusé d’avoir enjambé le corps de Jonathan, mais nie tout lien avec le meurtre. Aujourd’hui, il n’est plus poursuivi que pour non-assistance à personne en danger. Les gendarmes de la section de recherches de Dijon suivent toujours quelques pistes, mais aucune ne sortirait réellement du lot. Le juge d’instruction a d’ailleurs voulu clore l’enquête en 2015. Florbela Dos Santos ne l’a pas entendu de cette oreille. « Grâce aux avancées de la science, il est aujourd’hui possible de résoudre des affaires très anciennes », clame la maman. En janvier, la décision de poursuivre l’enquête, malgré le manque de pistes, a été prise. Florbela Dos Santos espère toujours qu’un témoin resté jusqu’ici silencieux se manifeste : « Jusqu’à la fin de mes jours, je traquerai ceux qui ont fait ça à mon fils. Ils se trompent s’ils pensent pouvoir vivre cachés, en toute impunité. »