De honteux trophées de chasse à dégommer
Une ONG de défense des animaux part en campagne contre les trophées de chasse
La girafe est couchée sur le flanc. Contre elle, deux hommes en tenue de chasseur posent tout sourire. A première vue, l’affiche pourrait être celle d’une agence de voyages organisant des parties de chasse en Afrique pour touristes fortunés. Mais, ce coup-ci, les armes ont été remplacées par des bâtons et, à la place des habituelles cornes, défenses, oreilles... les deux hommes tiennent un bébé girafe dans leurs bras. Le slogan en bas de l’affiche indique : « Choose life », « choisis la vie ».
Les animaux sauvages sont eux aussi dotés de sensibilité.
Cette campagne, visible jusqu’au 20 avril dans le métro parisien, puis dans la presse régionale, est signée de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), qui a bénéficié du travail bénévole de l’agence de publicité Y&R. « On n’a jamais autant parlé de condition animale en France depuis les vidéos dénonçant la mise à mort des animaux dans les abattoirs, explique Madline Reynaud, directrice de l’Aspas. On prend conscience que les animaux d’élevage sont doués de sensibilité. Nous aimerions qu’il en soit de même pour les animaux sauvages. » Avec ces mises en scène, l’Aspas s’attaque à l’un des symboles forts de la chasse sportive. « Souvent, le chasseur veut garder deux souvenirs de la traque de son animal, rappelle Charlotte Nithart, de l’association de défense des animaux Robin des bois. La photo sur place, avec l’animal tué à ses pieds pour montrer qu’il a dominé la bête, et le trophée [la peau ou la tête par exemple], qu’il rapporte chez lui. » Une pratique rendue plus difficile pour les chasseurs européens ou américains depuis le décès de Cecil. Ce lion, tué en 2015 dans le parc national de Hwange (Zimbabwe) par un dentiste américain, avait indigné le Web et poussé plusieurs pays, dont la France, à interdire l’importation des trophées de lions. Un début, pour Charlotte Nithart, qui aimerait que la réglementation se généralise à d’autres pays et à d’autres espèces. Mais aussi que la lumière soit faite sur l’utilisation précise que font les Etats des revenus générés par la chasse sportive. « Ceux reversés aux populations locales sont minimes. Le reste part dans les caisses de firmes privées ou du gouvernement. » A ses yeux, le tourisme « de vision », qui « photographie les animaux plutôt qu’il ne les tue », a de l’avenir : « Il constitue des rentrées d’argent non négligeables pour les économies locales. Le Kenya est dans cette voie-là. »