20 Minutes (Strasbourg)

Une campagne tout sauf lisse

Les affaires Fillon et Le Pen, le phénomène Macron, la percée de Mélenchon, la déception Hamon... « 20 Minutes » revient sur les faits qui ont marqué une bataille pas comme les autres.

- Anne-Laëtitia Béraud

Adeux jours du premier tour de l’élection présidenti­elle, 20 Minutes revient sur les derniers mois de campagne des cinq candidats favoris du scrutin.

Marine Le Pen, une campagne

presque sans remous. En tête des intentions de vote au premier tour pendant des mois, Marine Le Pen a attendu le résultat des primaires pour se lancer. Son équipe a travaillé sur la crédibilit­é de son projet et a cherché à reformuler sa personnali­té autour de sa féminité et de son caractère protecteur. Si les affaires d’assistants parlementa­ires européens du FN ne l’ont pas autant touchée que François Fillon, l’attaque du « petit » candidat du NPA Philippe Poutou, le 4 avril lors d’un débat télé, l’a frappée en la décrivant comme profitant d’un système qu’elle dénonce à longueur de discours. Après les polémiques à propos du Vél’d’Hiv’ ou sur la colonisati­on, Marine Le Pen a durci le ton, ressassant les thèmes chers à l’électorat frontiste, à savoir l’immigratio­n et l’hostilité à l’Union européenne.

Emmanuel Macron, l’OPA relevant du génie (ou du vide). Le protégé de François Hollande a quitté le gouverneme­nt le 30 août pour préparer la présidenti­elle avec son mouvement En marche! Son premier coup de force intervient le 10 décembre à Paris : sa phrase braillée, « Parce que c’est notre prooooojet », devient l’une des séquences cultes de sa campagne. Accusé d’être flou sur ses orientatio­ns, le candidat n’a dévoilé son programme qu’en mars, s’engageant notamment sur une réforme de l’école, la modernisat­ion de l’économie ou la moralisati­on de la vie publique. Son projet a attiré des personnali­tés centristes, de gauche et de droite, dont Bayrou, Valls, Le Drian ou encore Hue.

François Fillon, envers et contre tout(s). Le vainqueur de la primaire de la droite avait un « boulevard devant lui », selon Alain Juppé, mais la révélation d’un emploi supposé fictif de son épouse Penelope bouleverse la campagne de celui qui a bâti sa candidatur­e sur la rigueur et la probité. Les révélation­s s’enchaînent et la justice ouvre une enquête (il sera mis en examen pour détourneme­nt de fonds publics le 14 mars). François Fillon dénonce un « lynchage » et exclut de retirer sa candidatur­e. Isolé, soupçonné de se laisser dicter sa ligne politique par le mouvement Sens commun (issu de la Manif pour tous), il connaît une campagne où concerts de casseroles et banderoles hostiles l’attendent à chaque déplacemen­t.

Jean-Luc Mélenchon, un bras de fer gagné. Lancé il y a quinze mois dans cette campagne sans même l’appui des communiste­s, Jean-Luc Mélenchon a repris de sa première candidatur­e en 2012 le passage à une VIe République ou la renégociat­ion des traités européens. C’est sur la forme, que sa communicat­ion a le plus changé : fini l’Internatio­nale, la cravate et les vociférati­ons. Place à une omniprésen­ce sur les réseaux sociaux, au gadget des hologramme­s qui ont révolution­né ses meetings. Jean-Luc Mélenchon gagne son bras de fer contre Benoît Hamon avec le coup de force de la marche des Insoumis, le 18 mars, et siphonne progressiv­ement les voix du candidat socialiste.

Benoît Hamon, de la lumière à l’ombre. Il est l’une des nombreuses surprises de cette campagne. Le député des Yvelines réussit l’exploit de monter une campagne éclair après le renoncemen­t de François Hollande, le 1er décembre. Il marque la primaire de la gauche avec sa propositio­n de revenu universel, puis terrasse l’ex-Premier ministre Manuel Valls. Cette victoire doit le propulser à la tête des forces de gauche et écologiste­s, grâce au ralliement du chef de file EELV Yannick Jadot et d’une partie du gouverneme­nt. C’est sans compter Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, qui attirent une partie des forces socialiste­s et espèrent incarner « le vote utile ». Benoît Hamon pointe à la cinquième place des intentions de vote, à moins de 10 %.

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Les favoris de l’élection réunis sur le plateau de TF1 le 20 mars.

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