20 Minutes (Strasbourg)

Coups de show

Mercredi à Amiens, les deux rivaux à la présidenti­elle se sont livrés à une incroyable bataille à distance sur le site industriel menacé de fermeture.

- De notre envoyé spécial à Amiens (Somme), Julien Laloye

Pour qui se plaignait d’une campagne de second tour fadasse, mercredi a offert un duel comme on n’en fait plus. C’était Il était une fois en Picardie, du bon gros western featuring Le Pen et Macron. Si ce dernier avait prévu une rencontre avec l’intersyndi­cale de l’usine Whirlpool d’Amiens, il n’avait, semble-t-il, pas prévu de se rendre sur le site même de production de sèche-linges, promis à la fermeture après la décision de délocalise­r l’activité en Pologne. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir Roger, vingt-cinq ans de turbin au même poste et bientôt sur le carreau : « Il a peur de venir voir les illettrés, l’autre mannequin? » Tandis que le candidat d’En marche! ferraillai­t avec les syndicats à huis clos dans les locaux de la chambre de commerce et d’industrie, Marine Le Pen, qui n’avait rien prévu dans la région, s’est pointée sur le parking de l’usine. Un selfie par-ici, une bise par-là et des promesses qui ne coûtent rien : « Avec moi, l’usine ne fermera pas, continuez à vous battre, je suis fière de vous voir réunis pour sauver vos emplois. » L’apparition n’a pas duré un quart d’heure, mais elle a eu un effet redoutable. Murielle avait les yeux qui brillaient : « Elle m’a encouragée, ça m’a fait du bien. Je sais pour qui je voterai au second tour (…). En tant qu’Amiénoise de souche, vous m’enlèverez pas de la tête que c’était à Macron de venir en premier. » Coup de théâtre annoncé au mégaphone, finalement, Emmanuel Macron passera à la fin de la réunion. « Il ne vient pas sous la pression de Marine Le Pen », a juré son

« Je ne suis pas venu pour les selfies, mais pour trouver des solutions. » Emmanuel Macron

équipe. Le genre de détails dont ne s’embarrasse­nt pas les ouvriers. Hué, sifflé, chahuté, il a fini par pénétrer dans le parking pour entamer « un dialogue constructi­f et serein » avec les Whirlpool qui étaient volontaire­s. « J’ai tenu à rencontrer l’intersyndi­cale avant de venir ici parce que vos représenta­nts font un travail remarquabl­e, a-t-il assuré. Vous ne trouverez pas chez moi le comporteme­nt clientélis­te de Marine Le Pen, mais, si c’est ce que vous voulez, allez-y. Moi, je ne suis pas venu pour faire des selfies, mais pour trouver des solutions. » Un mot sur la formation des chômeurs, la formation, et le cortège du candidat repart. « On ne s’attendait pas à un truc pareil. Mais je vais vous dire, j’ai préféré l’attitude de Macron. Quand j’ai vu Marine Le Pen nous dire qu’elle sauverait nos emplois, je suis parti direct. C’est de la récupérati­on politique (...) », a lâché Farid. J’espère qu’il mettra la pression pour qu’on ait un bon plan de départ. Après, c’est chacun pour soi. »

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Les deux finalistes de la présidenti­elle ont apporté chacun à leur façon leur soutien aux ouvriers picards.
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