« On cherche un accord sur tout »
Depuis près de 20 ans, ce maire tente de « co-construire » la politique avec les citoyens
Son livre Et si on prenait – enfin ! – les électeurs au sérieux (éditions TempsPrésent) est sorti au début de l’année. En pleine campagne électorale, écouter Jo Spiegel décrire ses expériences de démocratie participative paraît reposant. Le maire de Kingersheim (Haut-Rhin) s’est livré.
Suivez-vous la campagne actuelle ? Comme jamais je n’ai été devant un spectacle ! Mais la vraie vie n’est pas là. D’autant que le potentiel citoyen est non-exploité en politique. Il faut sortir du « je » et rentrer dans le « nous ». Et comment instaurez-vous ça ? Le modèle participatif consiste à trouver un consensus dynamique, avec toutes les parties, politiques, habitants, experts... Si vous voulez installer un espace de jeu dans un quartier, il faut un débat public avec des habitants proches et moins proches, des acteurs du Plan local d’urbanisme ou des élus. Quand avez-vous lancé cela ? Progressivement, depuis 1989. Lors de mon premier mandat, nous nous sommes focalisés sur l’éducation. Apprendre à se parler, se respecter, c’est le début de la citoyenneté active. Comment intéresser les citoyens ? Au fil des ans, j’ai organisé plusieurs temps de rencontre. En 1998, j’ai fait un tour de la ville à pied pour échanger avec eux. [...] En 2015, nous avons cherché comment animer l’actuel mandat. On en a dégagé vingt projets sur trois ans, tous avec leur implication. Que sont les conseils participatifs, qui ont remplacé les conseils de quartiers, que vous jugiez inutiles ? En amont du conseil municipal, c’est là, où, avec les habitants, on cherche un accord sur tout ce qui rentre à l’agenda, avec la plus grande base démocratique possible. [...] On est au début d’une aventure. Les opinions surgissent aussi à différents endroits, entre les conseils, les ateliers d’agora 2015-2020, les journées citoyennes… C’est imaginable au niveau national ? Il y aurait plus de résistance, mais en donnant le temps, le Premier ministre pourrait déjà passer devant les citoyens pour trouver un compromis sur 5 ou 6 sujets, par exemple...