20 Minutes (Strasbourg)

Le pacte du sang

Le procureur général de Dijon Jean-Jacques Bosc a indiqué jeudi que « plusieurs personnes avaient concouru à la réalisatio­n du crime ». Au moins deux « corbeaux » ont été « confondus » au sein de la famille de l’enfant.

- Vincent Vantighem

Les enquêteurs n’en cherchaien­t qu’un seul. Mais c’est peut-être finalement une nuée de « corbeaux » qui pourrait lever le mystère entourant l’assassinat du petit Grégory, commis en 1984 dans les Vosges. « Il apparaît que plusieurs personnes ont concouru à la réalisatio­n du crime », a indiqué, jeudi, Jean-Jacques Bosc, procureur général de Dijon (Côte-d’Or). Sur les cinq membres de la famille Villemin entendus depuis mercredi, au moins deux « corbeaux » ont été « confondus » par les progrès de la recherche en écriture. Avant que leur fils de 4 ans ne soit découvert mort, pieds et poings liés dans la Vologne, les parents de Grégory avaient, en effet, reçu des centaines d’appels anonymes et de lettres de menaces. « L’expertise d’une lettre manuscrite de 1983 a permis de confondre Jacqueline Jacob », a expliqué Jean-Jacques Bosc. Grand-tante du petit Grégory, cette femme aujourd’hui âgée de 72 ans a invoqué son droit au silence lors de sa garde à vue qui se poursuivai­t jeudi soir. Mais les enquêteurs sont persuadés qu’elle est l’une des pièces du sordide puzzle familial qui est en train de se former, trente-deux ans après. A ceci s’ajoute un autre « corbeau ». Dans ce tentaculai­re dossier, les lettres anonymes ont inondé les boîtes aux lettres. Pas uniquement celles des parents de Grégory. Aujourd’hui décédé, le juge Simon avait eu, lui aussi, son lot de courriers menaçants en 1989. Ces derniers visaient à orienter les soupçons sur les parents du garçonnet. D’après les nouvelles expertises, l’une des missives émanait de Monique Villemin, la grand-mère de la petite victime.

« Je ne sais pas qui est l’auteur du crime. » Jean-Jacques Bosc, procureur général de Dijon

Cette énigme criminelle n’est pas qu’une affaire de femmes. Epaulé par le logiciel Anacrim (lire l’encadré), les enquêteurs se sont aperçus que des « repérages et des surveillan­ces [avaient] été opérés les jours précédant les faits par un homme portant une moustache ». Dans son exposé, le procureur général s’est bien gardé de prononcer le nom de Bernard Laroche. Mais ce cousin de Jean-Marie Villemin, le père de Grégory, correspond au signalemen­t. Accusé et placé en détention avant d’être blanchi, Bernard Laroche ne pourra plus éclairer les enquêteurs. Il été abattu d’un coup de fusil, en 1985, par Jean-Marie Villemin, qui était persuadé de sa culpabilit­é. Grand-tante, grand-mère, cousin… C’est bien la piste du règlement de comptes familial qui se dessine aujourd’hui. Un règlement de comptes visant à faire payer leur réussite sociale aux parents de Grégory , ceux-là mêmes qui avaient « deux voitures », « un canapé en cuir » et « un enfant rayonnant et plein de vie »? Peu coopératif­s, les protagonis­tes arrêtés mercredi n’ont pas répondu à cette interrogat­ion. « Je ne sais pas qui est l’auteur du crime », a concédé le procureur général. Mais les investigat­ions vont se poursuivre. Toujours dans le même but : « Que le ou les assassins de ce petit enfant soient, un jour, traduits devant la justice. »

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Le long de la Vologne jeudi, près de l’endroit où avait été retrouvé le corps de l’enfant.
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