Laurent Lafitte met le spectateur « K.O. »
L’acteur est bluffant dans ce thriller kafkaïen
Laurent Lafitte se révèle tour à tour arrogant ou fragile dans K.O. de Fabrice Gobert. Le réalisateur de la série à succès « Les Revenants » et de Simon Werner a disparu lui a réservé un rôle en or dans ce thriller fantastique très réussi. Dans la première moitié du film, le comédien incarne un homme de télévision arrogant, odieux avec son entourage. Dans la seconde, il se réveille d’un coma dans une version 2.0 de sa vie où il est devenu un monsieur météo pour le moins dépressif. « Ma coscénariste, Valentine Arnaud, et moi avions le désir de parler de la violence au travail, des rapports de pouvoir, du mépris, de l’incapacité qu’ont certains à se mettre à la place de l’autre », précise le réalisateur. Les deux visages du héros témoignent de cette volonté puisqu’il passe d’un rôle de persécuteur à celui d’une victime vivant une expérience kafkaïenne dans laquelle le spectateur est happé jusqu’à un dénouement intrigant à souhait. Fabrice Gobert a tout de suite pensé à Laurent Lafitte pour incarner ce personnage complexe qu’on prend un grand plaisir à détester avant de se mettre à le plaindre. « En écrivant le scénario, je pensais à un mix entre Bill Murray, James Stewart et Cary Grant! » se souvient le réalisateur. Tantôt inquiétant, tantôt lunaire, le pensionnaire de la Comédie-Française est crédible dans tous les registres, du plus désagréable au plus attendrissant. « Laurent Lafitte dégage spontanément quelque chose de sympathique, mais avec un rien d’autorité qui nous tient aussi à distance », insiste Fabrice Gobert. L’acteur trouve une partenaire à sa mesure en la personne de Chiara Mastroianni qui campe une femme aussi fragile et forte que lui, au gré d’un scénario entre Un jour sans fin de Harold Ramis et Fight Club de David Fincher. Sa performance, comme celle de Pio Marmaï en assistant carpette et arriviste à la fois, est délectable.
Mélange des genres
Tout comme son acteur principal, le film jongle avec les genres et surprend constamment. La peinture du milieu de la télévision, particulièrement acide, fait mouche quand le héros licencie impitoyablement un technicien ou qu’il affronte à son tour une productrice redoutable. « Ce que j’aime dans une chaîne de télé qui, en cela, ressemble un peu au Titanic, c’est son côté pyramide sociale », précise le réalisateur. Il embarque le spectateur sur son paquebot, qui, loin de couler à pic, transporte le temps d’un voyage excitant.
« Nous avions le désir de parler de la violence au travail, des rapports de pouvoir. » Fabrice Gobert, réalisateur