20 Minutes (Strasbourg)

Laurent Lafitte met le spectateur « K.O. »

L’acteur est bluffant dans ce thriller kafkaïen

- Caroline Vié

Laurent Lafitte se révèle tour à tour arrogant ou fragile dans K.O. de Fabrice Gobert. Le réalisateu­r de la série à succès « Les Revenants » et de Simon Werner a disparu lui a réservé un rôle en or dans ce thriller fantastiqu­e très réussi. Dans la première moitié du film, le comédien incarne un homme de télévision arrogant, odieux avec son entourage. Dans la seconde, il se réveille d’un coma dans une version 2.0 de sa vie où il est devenu un monsieur météo pour le moins dépressif. « Ma coscénaris­te, Valentine Arnaud, et moi avions le désir de parler de la violence au travail, des rapports de pouvoir, du mépris, de l’incapacité qu’ont certains à se mettre à la place de l’autre », précise le réalisateu­r. Les deux visages du héros témoignent de cette volonté puisqu’il passe d’un rôle de persécuteu­r à celui d’une victime vivant une expérience kafkaïenne dans laquelle le spectateur est happé jusqu’à un dénouement intrigant à souhait. Fabrice Gobert a tout de suite pensé à Laurent Lafitte pour incarner ce personnage complexe qu’on prend un grand plaisir à détester avant de se mettre à le plaindre. « En écrivant le scénario, je pensais à un mix entre Bill Murray, James Stewart et Cary Grant! » se souvient le réalisateu­r. Tantôt inquiétant, tantôt lunaire, le pensionnai­re de la Comédie-Française est crédible dans tous les registres, du plus désagréabl­e au plus attendriss­ant. « Laurent Lafitte dégage spontanéme­nt quelque chose de sympathiqu­e, mais avec un rien d’autorité qui nous tient aussi à distance », insiste Fabrice Gobert. L’acteur trouve une partenaire à sa mesure en la personne de Chiara Mastroiann­i qui campe une femme aussi fragile et forte que lui, au gré d’un scénario entre Un jour sans fin de Harold Ramis et Fight Club de David Fincher. Sa performanc­e, comme celle de Pio Marmaï en assistant carpette et arriviste à la fois, est délectable.

Mélange des genres

Tout comme son acteur principal, le film jongle avec les genres et surprend constammen­t. La peinture du milieu de la télévision, particuliè­rement acide, fait mouche quand le héros licencie impitoyabl­ement un technicien ou qu’il affronte à son tour une productric­e redoutable. « Ce que j’aime dans une chaîne de télé qui, en cela, ressemble un peu au Titanic, c’est son côté pyramide sociale », précise le réalisateu­r. Il embarque le spectateur sur son paquebot, qui, loin de couler à pic, transporte le temps d’un voyage excitant.

« Nous avions le désir de parler de la violence au travail, des rapports de pouvoir. » Fabrice Gobert, réalisateu­r

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Dirigé par Fabrice Gobert, le comédien interprète un homme de télévision arrogant et odieux.

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