Un brameur livre ses secrets pour bien bramer
On se croirait sur les hauteurs des Vosges, un soir de fin septembre. Pourtant, aucun cerf à l’horizon. Mais à Breuschwickersheim dans la plaine d’Alsace, Pierre Schmidt, debout, imite le brame. Impressionnant, grave, rauque, il vient du fond du ventre. Puis de la vibration des cordes vocales. Afin de moduler le son, le commercial de 57 ans utilise un bout de bois avec lequel il est allé en Hongrie pour la compétition européenne d’imitation du brame du cerf.
Le plus majestueux
Avant de participer à son 3 championnat de France – où il a fini deux fois médaillé de bronze – ce dimanche (lire l’encadré), Pierre Schmidt a passé nombre de jours et de nuits dans les forêts de la vallée de la Bruche où il a grandi. Par amour de la nature et donc des cerfs. « C’est le gibier le plus majestueux de nos forêts, raconte-t-il. Mais il est dur à observer. Ses sens sont développés et il est méfiant. Sauf à la saison du brame. » Soit celle des amours. A force de l’écouter, il a appris à reproduire ses différents raires (l’autre nom des cris). Jusqu’à discuter avec des spécimens !
Pierre Schmidt a découvert par hasard les compétitions d’imitation du brame avec sa famille au parc de SainteCroix, monté autour des cerfs et des loups. Les participants imitent des raires (de présence ou de poursuite) devant un jury à l’aveugle.
Issus du monde de la forêt et de la chasse, les spécialistes français en compétition ne sont pas sûrs de discuter avec des cerfs dans les semaines à venir. « La population des cervidés, dont les biches, est en baisse, conclut Pierre Schmidt. Nous sommes confrontés à un problème, le brame se fait rare. »