Les gendarmes dans la boucle ?
Plusieurs pays, dix prévenus, un exjuge antiterroriste, une barbouze… Le menu du procès qui s’est ouvert lundi devant le tribunal correctionnel de Lille est copieux. Mais, comme l’a rappelé le président Marc Trévidic, c’est bel et bien Claude Hermant qui est la figure « transversale » dans cette affaire de trafic d’armes. Parvenir à prouver que ce dernier travaillait pour les gendarmes dans ce dossier sera tout le travail de ses avocats. Un travail a priori facilité par le président : « Il semble acquis que Claude Hermant fournissait des informations aux forces de l’ordre, le problème est de savoir s’il a effectivement renseigné les gendarmes sur le trafic qui nous intéresse aujourd’hui. » Et ce qui intéresse le tribunal, c’est que, parmi toutes les armes neutralisées que Claude Hermant est accusé d’avoir achetées en Slovénie, puis remilitarisées en France, au moins cinq d’entre elles se sont retrouvées entre les mains d’Amedy Coulibaly, l’auteur de l’attentat de l’Hyper Cacher à Paris, en janvier 2015. Quand ces armes ont été reliées à Claude Hermant, le secret défense a été levé sur une douzaine de pièces qui, entre 2013 et 2014, prouvent des échanges entre le trafiquant présumé et les gendarmes de la section de recherches. Admettre que ces derniers étaient au courant du trafic serait admettre, de facto, un gros loupé qui a permis au terroriste de se procurer des armes, comme le révélait Médiapart en mars. Reste à savoir ce que déclareront ces mêmes gendarmes, qui seront entendus à huis clos mercredi.