Mais pourquoi les sénateurs sont-ils aussi âgés ?
Fermez les yeux et pensez à un sénateur. Le personnage en costume dans votre tête a de grandes chances d’avoir les cheveux blancs. Pas de magie ici : les sénateurs sont nos élus les plus anciens. Au palais du Luxembourg, la moyenne est de 61 ans et neuf mois, contre 56 ans et dix mois pour les maires, et 48 ans et huit mois pour les députés. A quelques jours des sénatoriales, on s’est donc intéressé à cette question : pourquoi les sénateurs sont-ils si vieux ? D’abord un peu d’histoire : « En France, le Sénat est un des éléments du compromis effectué après la Révolution pour intégrer les monarchistes, rappelle Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS et chercheur au Cevipof. Les nobles ont petit à petit disparu au profit des notables locaux. Le Sénat est donc considéré comme le gardien d’une certaine sagesse politique, d’une certaine modération et aussi d’une forme de conservatisme, avec cette idée que l’expérience vient avec l’âge. » « Les sénateurs sont plus bonhommes, moins fantasques, car ils ont l’habitude de serrer des mains, s’amuse Jean Desessard, sénateur écolo de tout juste 65 ans. Et si le Sénat n’a pas la même vigueur que l’Assemblée, c’est parce qu’elle n’a pas la même fonction. N’est-il pas utile d’avoir une chambre plus mesurée, expérimentée, représentative d’une certaine sagesse ? »
La prime à l’expérience
Nos textes gardent une trace de cette distinction : il faut avoir au minimum 18 ans pour devenir député, mais six ans de plus pour être sénateur. L’âge est aussi un critère important dans la mesure où il faut convaincre ses pairs pour être élu dans cette élection au suffrage universel indirect. « Il y a donc une prime à l’expérience et à l’ancrage local, à l’enracinement dans un territoire, avance Olivier Rouquan, politologue et constitutionnaliste. Il faut souvent avoir fait ses preuves en tant qu’élu, avoir une légitimité de notable. Travailler son réseau prend forcément du temps. » « Dans les départements ruraux, la reconnaissance des pairs est importante, confirme le sénateur Jean Desessard. On commence souvent comme maire, avant d’être conseiller général, et enfin vice-président du conseil. La fonction nationale est alors l’aboutissement d’un parcours sur la durée. »