Des collégiens venus d’Irak
ÉDUCATION De jeunes demandeurs d’asile racontent leur rentrée en Alsace
Rody est arrivé un peu avant l’été à Strasbourg. A 13 ans, ce jeune réfugié irakien vient de vivre sa première rentrée scolaire française, au collège Louise-Weiss de Neudorf. Pas toujours facile au niveau linguistique. Mais l’ado ne manque pas d’aide. « Il y a des Syriens et un Algérien dans ma classe, je leur demande si j’ai besoin », raconte-t-il. A la récré, il peut aussi compter sur son cousin Noor, 15 ans, arrivé en Alsace en 2015. A leurs yeux, le plus dur, ce sont les maths. « Mais les arts plastiques, c’est facile », complète Noor en souriant. Si Rody profite d’une unité pédagogique d’apprentissage du français en tant que langue secondaire (lire l’encadré), il doit s’adapter au rythme. En Irak, les journées et les semaines des élèves sont plus courtes. « Sinon, le principal changement, c’est la langue, complète Saad, 15 ans. Même si c’est plus violent en classe là-bas. »
Une vaste communauté
A l’image de celles de Rody et Noor, de nombreuses familles irakiennes (notamment chrétiennes) chassées de la région de Ninive par l’Etat islamique sont arrivées en France et à Strasbourg depuis un peu plus de deux ans. En attendant de débuter le futsal ou la natation avec le collège, les garçons déjà cités ont, eux, eu droit à un petit séjour linguistique fin août. Une immersion totale en français proposée pour la deuxième année à 22 jeunes demandeurs d’asile de 9 à 17 ans par l’association Caritas. « Les parents, à qui nous proposions déjà des cours, étaient demandeurs », justifie Laurent Braun, coordinateur du réseau jeunes. A 16 ans, Nina, Française d’origine irakienne est venue jouer la traductrice : « Sans la langue, ils ne pourraient pas suivre d’études, c’est logique de les aider. Pour leur bien. » A l’aide de cours presque individuels et d’animations ludiques, les progrès ont été sensibles. Bénévole directrice du séjour, Michèle Riotte confirme : « Sur la compréhension, Rody a beaucoup évolué. » Une aide bénéfique pour leur intégration. S’ils entendent quelques questions sur leurs périples, ces réfugiés, parfois plutôt aisés en Irak et aux familles désormais éclatées, restent néanmoins discrets sur leurs histoires hors de la communauté.