20 Minutes (Strasbourg)

Le gouverneme­nt lancé à fond sur la formation

Le plan d’investisse­ment compétence du gouverneme­nt devrait coûter 15 milliards d’euros

- Nicolas Raffin

Avec son « Plan investisse­ment compétence­s » (PIC) présenté lundi, le gouverneme­nt affiche des ambitions élevées. Doté de 15 milliards d’euros sur cinq ans, il vise à proposer une formation à près de deux millions de personnes, à savoir des « chômeurs faiblement qualifiés » et des « jeunes décrocheur­s ». L’objectif d’ici à 2022 est de « faire revenir 300 000 personnes à l’emploi », affirme Jean Pisani-Ferry, auteur du rapport sur le grand plan d’investisse­ment, remis au Premier ministre, Edouard Philippe. D’emblée, le rapport fait le constat qu’une « part importante des personnes [éloignées du marché du travail] ne dispose pas des compétence­s recherchée­s par les entreprise­s ». Pour pallier ces carences, le gouverneme­nt prévoit, par exemple, « des formations longues » avec un diplôme à la clé, « un accompagne­ment individual­isé » des personnes formées, l’extension de la garantie jeune à 100000 bénéficiai­res chaque année, ou encore la création d’un « indicateur de performanc­e » des organismes de formation pour évaluer leur efficacité.

Des formations qualifiant­es

Les experts interrogés soulignent le côté positif de certaines mesures. « Les formations longues et qualifiant­es sont celles qui ont le plus d’effet [sur l’insertion dans le monde du travail] car elles permettent de gommer le faible niveau de diplôme », souligne Morad Ben Mezian, expert en formation profession­nelle auprès de France Stratégie. D’autres se montrent plus sceptiques. « Ce dispositif ressemble au plan 500000 formations lancé par François Hollande, lance Fabien Milon, délégué Force ouvrière à Pôle emploi. On va sortir les demandeurs d’emplois de la catégorie A pour que le chômage baisse. » Pour le syndicalis­te, le problème ne vient pas du manque de formation des chômeurs, mais de la frilosité des entreprise­s : « Elles se plaignent, mais est-ce qu’elles agissent ? La formation coûte cher, mais les entreprise­s préfèrent transférer ces coûts à d’autres », conclut Fabien Milon. Les entreprise­s ont ainsi une part de responsabi­lité dans l’efficacité de la formation. « A partir du moment où elles verront la formation comme un moyen d’améliorer leur compétitiv­ité, elles s’inscriront dans cette démarche », assure Morad Ben Mezian. Dès lors, les employeurs aussi devraient être formés.

 ??  ?? L’exécutif veut proposer des formations à plus de deux millions de personnes.
L’exécutif veut proposer des formations à plus de deux millions de personnes.

Newspapers in French

Newspapers from France