Le gouvernement lancé à fond sur la formation
Le plan d’investissement compétence du gouvernement devrait coûter 15 milliards d’euros
Avec son « Plan investissement compétences » (PIC) présenté lundi, le gouvernement affiche des ambitions élevées. Doté de 15 milliards d’euros sur cinq ans, il vise à proposer une formation à près de deux millions de personnes, à savoir des « chômeurs faiblement qualifiés » et des « jeunes décrocheurs ». L’objectif d’ici à 2022 est de « faire revenir 300 000 personnes à l’emploi », affirme Jean Pisani-Ferry, auteur du rapport sur le grand plan d’investissement, remis au Premier ministre, Edouard Philippe. D’emblée, le rapport fait le constat qu’une « part importante des personnes [éloignées du marché du travail] ne dispose pas des compétences recherchées par les entreprises ». Pour pallier ces carences, le gouvernement prévoit, par exemple, « des formations longues » avec un diplôme à la clé, « un accompagnement individualisé » des personnes formées, l’extension de la garantie jeune à 100000 bénéficiaires chaque année, ou encore la création d’un « indicateur de performance » des organismes de formation pour évaluer leur efficacité.
Des formations qualifiantes
Les experts interrogés soulignent le côté positif de certaines mesures. « Les formations longues et qualifiantes sont celles qui ont le plus d’effet [sur l’insertion dans le monde du travail] car elles permettent de gommer le faible niveau de diplôme », souligne Morad Ben Mezian, expert en formation professionnelle auprès de France Stratégie. D’autres se montrent plus sceptiques. « Ce dispositif ressemble au plan 500000 formations lancé par François Hollande, lance Fabien Milon, délégué Force ouvrière à Pôle emploi. On va sortir les demandeurs d’emplois de la catégorie A pour que le chômage baisse. » Pour le syndicaliste, le problème ne vient pas du manque de formation des chômeurs, mais de la frilosité des entreprises : « Elles se plaignent, mais est-ce qu’elles agissent ? La formation coûte cher, mais les entreprises préfèrent transférer ces coûts à d’autres », conclut Fabien Milon. Les entreprises ont ainsi une part de responsabilité dans l’efficacité de la formation. « A partir du moment où elles verront la formation comme un moyen d’améliorer leur compétitivité, elles s’inscriront dans cette démarche », assure Morad Ben Mezian. Dès lors, les employeurs aussi devraient être formés.