Por qué te vas ?
Après des semaines de tensions avec le gouvernement espagnol, les Catalans doivent se prononcer dimanche sur l’indépendance de la région. Madrid, qui juge ce référendum illégal, redoute la victoire du « oui ».
Bien malin qui prédira l’issue de la semaine en Catalogne et ses conséquences sur les rapports entre Madrid et Barcelone. L’unité de façade post-attentat en août a volé en éclats. Le mois de septembre a prouvé combien les dirigeants de la Generalitat (le gouvernement régional) étaient déterminés à aller au bout du référendum pour l’indépendance, prévu dimanche. A l’inverse, le gouvernement central a démontré qu’il utiliserait tous les moyens pour empêcher cette consultation jugée illégale. Retour en arrière. Le 6 septembre, le Parlement catalan vote une loi pour autoriser un référendum, suspendue dès le lendemain par la Cour constitutionnelle. Le 20 septembre, Mariano Rajoy, chef du gouvernement espagnol, envoie la Guardia Civil s’emparer de 10 millions de bulletins de vote. Dans le même temps, Josep Maria Jove (secrétaire général à la vice-présidence de la Catalogne) est arrêté avec douze autres haut responsables. Carles Puigdemont, président de la Generalitat, parle « d’état d’urgence imposé ». La maire de Barcelone, Ada Colau, appelle à « baisser la testostérone dans le débat public », mais regrette quelques jours plus tard : « On ne m’écoute pas. »
Un dimanche explosif ?
Quand la Guardia Civil est repoussée à Barcelone, ces forces de l’ordre sont applaudies en Andalousie, contribuant à accentuer la fracture de la Catalogne avec Madrid et le reste de la péninsule. Le parquet général demande aux Mossos (la police catalane) de sceller les bureaux de vote et d’empêcher leur tenue jusqu’à dimanche soir. « Impossible », répond Josep Lluís Trapero, leur chef. Dans les rues de Barcelone et dans le reste de la région, les balcons arborent des Sí (à l’indépendance), les gens s’habillent en rouge et jaune, couleurs de la senyera, le drapeau catalan. Dimanche, la situation risque d’être explosive. Bien que, jusqu’à présent, aucun débordement n’a été déploré. Si la Catalogne semble isolée du reste de l’Espagne, elle a reçu le soutien des Basques, avec une première conséquence pour Mariano Rajoy. Ce dernier a effectivement besoin des voix des députés basques pour faire voter le budget national. Or, sa présentation, qui devait avoir lieu ce vendredi, a été repoussée face à l’incertitude sur le vote de ces parlementaires. Si aucune solution n’est trouvée d’ici au 1er janvier, le Premier ministre devra convoquer de nouvelles élections législatives. Pas sûr que cela suffira à réconcilier Madrid et Barcelone…