20 Minutes (Strasbourg)

Sous le signe de Daesh ?

L’organisati­on de l’Etat islamique a revendiqué, lundi, la fusillade qui a entraîné la mort de 58 personnes, à Las Vegas. Mais le tueur n’a pas le profil habituel.

- De notre correspond­ant en Californie (Etats-Unis), Philippe Berry

«Le mal absolu. » C’est ainsi que Donald Trump a qualifié la pire fusillade de l’histoire américaine, qui a fait au moins 58 morts et plus de 500 blessés à un concert de musique country, dimanche soir à Las Vegas (Nevada). Lundi, Daesh a revendiqué l’action de l’un de ses « soldats », sans pour autant convaincre le FBI comme de nombreux experts. Un retraité blanc de 64 ans originaire du Nevada qui aime la tequila et les casinos. Le profil du suspect, Stephen Paddock, ne correspond pas vraiment à celui « d’un soldat du Califat ». Il se rendait régulièrem­ent à Las Vegas pour boire et jouer, selon NBC. Et, ces dernières semaines, il avait effectué des transactio­ns dépassant « plusieurs dizaines de milliers de dollars ». Il pourrait s’agir de dettes de jeu ou de gains, selon la chaîne.

Des preuves à fournir

Face aux doutes, Amaq, l’organe de propagande de Daesh, a publié un deuxième communiqué affirmant que le suspect s’était converti à l’islam. Eric Paddock a pourtant affirmé que son frère n’avait « aucune affiliatio­n religieuse ou politique » et devait avoir « pété un plomb ». Dans un troisième communiqué, Daesh a donné un nom de guerre à l’assaillant, Abou Abd alBarr al-Amriki, et indiqué qu’il avait fait un repérage « précis » des lieux. Selon les autorités, Stephen Paddock s’est suicidé avant que la police n’arrive dans sa chambre du Mandalay Bay. « Cela diffère complèteme­nt du mode opératoire d’un terroriste vouant allégeance à Daesh », a estimé sur France 24 Wassim Nasr, expert du djihadisme. Par le passé, l’organisati­on ne s’attribuait pas des attaques dont elle n’était pas responsabl­e. Mais elle a parfois attendu que des informatio­ns filtrent dans les médias, comme lors de la fusillade dans une boîte de nuit à Orlando, en 2016. Ces derniers mois, elle a exagéré les faits, notamment à Barcelone. Lors de l’attaque dans un casino de Manille, le 2 juin, les autorités philippine­s ont même rejeté sa revendicat­ion, parlant d’un cambriolag­e. Dans le cas de Las Vegas, il est possible que la rhétorique du groupe ait pu séduire un déséquilib­ré, mais Daesh « a besoin de fournir des preuves », estime Rita Katz, directrice du groupe de surveillan­ce des milieux extrémiste­s Site. Sous peine d’avoir l’air « désespéré » en étant prêt à revendique­r n’importe quelle attaque.

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Un sexagénair­e américain a tiré depuis un hôtel sur la foule d’un concert en plein air, dimanche soir, en Californie.

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