20 Minutes (Strasbourg)

Chez les enfants, le goût de lire arrive aussi grâce aux parents

Deux spécialist­es livrent des conseils pratiques aux parents

- Caroline Delabroy

Après le vent de la rentrée vient l’heure des premières injonction­s de lecture. Oui, mais comment faire lorsque le morveux lance en retour un tonitruant « J’aime pas lire »? « C’est assez rare qu’un enfant n’aime rien lire du tout », relève Marie Lallouet, rédactrice en chef de La Revue des livres pour enfants . « Il faut faire confiance aux enfants », abonde Delphine Saulière, rédactrice en chef du mensuel J’aime lire, qui fête cette année ses 40 ans. Toutes deux reconnaiss­ent toutefois le rôle fondamenta­l des parents dans l’éducation au goût de lire. Avec leur aide, voici quelques conseils pratiques.

La lutte contre les idées reçues. Aux grands maux, les grandes inquiétude­s : « Si mon enfant ne lit pas, il sera mauvais en classe, etc. » Primo, « le lien n’est pas si simple », rappelle Marie Lallouet. Tout le monde connaît des gens brillants qui n’ouvrent jamais un livre, et inversemen­t. Secundo, « on n’est pas obligé d’adorer lire, certains enfants ont d’abord besoin d’être dans l’action et la constructi­on », observe Delphine Saulière.

Le rendez-vous des magazines jeunesse. « La lecture, c’est comme le vélo, cela avance si on en fait souvent », assure Delphine Saulière. L’abonnement à un magazine jeunesse crée un rendez-vous régulier, moins intimidant qu’un livre, et offre différente­s portes d’entrée. On peut aussi se contenter de « s’arrêter vingt minutes à la bibliothèq­ue, entre la piscine et le conservato­ire », conseille Delphine Saulière.

Le butinage dans les bibliothèq­ues. « C’est le premier établissem­ent culturel de proximité », rappelle Marie Lallouet, qui invite les parents à laisser les enfants piocher dans les bacs et emporter ce qu’ils veulent. Pour Delphine Saulière, le butinage vaut aussi dans les « rayons culture des supermarch­és ».

La lecture à voix haute à tout âge. « La lecture du soir pour les plus petits est entrée dans les usages familiaux, mais les enfants sont souvent très seuls à partir du moment où ils savent lire », regrette Marie Lallouet. « Prenez le temps de lire à voix haute, c’est extraordin­aire toute l’émotion qui passe par la voix », recommande Delphine Saulière.

Le coup de pouce des livres audio. Pour les plus récalcitra­nts, le livre audio représente une piste intéressan­te. Aujourd’hui, les maisons d’édition proposent des production­s de qualité. « Faire un passage par l’audio peut sauver plus d’un lecteur dans la panade, c’est vraiment une solution quand on a du mal, par exemple, à lire un grand classique, estime Marie Lallouet. »

Le temps d’une activité commune. « Faire aimer la lecture, c’est aussi lire soi-même et montrer que le livre fait partie de sa vie, qu’il fait du bien », explique Marie Lallouet. « L’important est de prendre du temps pour lire à côté de ses enfants », explique Delphine Saulière.

La conjugaiso­n du verbe aimer. « Les parents ont un rôle d’éducateur, ce n’est pas toujours facile, reconnaît Marie Lallouet. Mais ils ne sont pas seuls : il y a les instits, les bibliothéc­aires, les grands-parents… Il y a du monde dans cette histoire-là. Et le verbe aimer aussi, il ne faut pas l’oublier. »

« Lisez à voix haute, c’est extraordin­aire l’émotion qui passe par la voix. » Delphine Saulière, « J’aime lire »

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« C’est assez rare qu’un enfant n’aime rien lire », assure Marie Lallouet, de La Revue des livres pour enfants.

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