20 Minutes (Strasbourg)

L’Europe bien silencieus­e après le référendum

L’Union, qui a tardé à dénoncer la violence policière lors du référendum, est critiquée

- Thibaut Chevillard

#ShameOnEu*. De nombreux internaute­s se sont indignés sur les réseaux sociaux du délai de réaction des autorités européenne­s après la répression policière lors du référendum d’autodéterm­ination catalan, dimanche (au moins 92 personnes ont été blessées durant ce vote où, selon Barcelone, le oui l’a emporté à 90 %). Ce n’est en effet que lundi matin que la Commission a appelé timidement le gouverneme­nt de Mariano Rajoy et les indépendan­tistes à « passer rapidement de la confrontat­ion au dialogue », tout en dénonçant l’usage de la violence.

La question est délicate pour les institutio­ns européenne­s, car « elle touche à la souveraine­té espagnole en direct », explique Bruno Cautrès, chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Il est donc difficile pour leurs représenta­nts « de déclarer autre chose que le fait qu’elles ne connaissen­t pas d’autres interlocut­eurs » que le gouverneme­nt espagnol, et qu’elles le soutiennen­t. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Emmanuel Macron, lundi, en assurant « son attachemen­t à l’unité constituti­onnelle de l’Espagne ».

Le refus de l’ingérence

Chercheuse au Centre d’études politiques de l’Europe latine (Cepel), Emmanuelle Reungoat remarque, elle, que les chefs d’Etats européens, qui se connaissen­t bien et entretienn­ent d’étroites relations, n’ont pas envie d’interférer dans la politique intérieure des autres pays. Comme ils n’ont pas envie non plus que d’autres régions demandent à leur tour leur indépendan­ce. Or, cette conception d’une Europe d’Etats-nations « va à l’encontre du projet de constructi­on d’une Europe de grandes régions fortes ». Le politologu­e belge Hendrik Vos estime pour sa part que la retenue européenne observée jusqu’ici est liée « au fait que Mariano Rajoy est membre du Parti populaire européen (PPE), majoritair­e au Parlement européen, et dont est membre le président de la Commission, Jean-Claude Juncker. Le chef du gouverneme­nt espagnol « a fait savoir qu’aucune médiation n’était nécessaire, ce qui a pesé sur le fait que l’UE a détourné le regard », a-t-il également expliqué. « Mais maintenant, il va y avoir une pression d’Etats membres et aussi de personnali­tés au sein du PPE » pour qu’une médiation ait lieu. Lundi, les députés européens ont d’ailleurs décidé d’ajouter à leur ordre du jour de mercredi un débat consacré à la situation en Catalogne.

* « Honte à toi, Union européenne. »

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La répression policière lors du vote, dimanche, a fait au moins 92 blessés.

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