20 Minutes (Strasbourg)

Une assurance pas rassurante

- Nicolas Raffin

C’est reparti pour un tour. Après la réforme du Code du travail, le chef de l’Etat lance ce jeudi les grands travaux dans la formation profession­nelle, l’apprentiss­age et l’assurance-chômage. Cette dernière, d’après les engagement­s de campagne d’Emmanuel Macron, devrait bénéficier à tous les actifs, ce qui la rendrait « universell­e ». Outre les salariés démissionn­aires, qui pourront y recourir une fois tous les cinq ans, les allocation­s seront en effet aussi ouvertes aux indépendan­ts, agriculteu­rs, chefs d’entreprise, etc. L’élargissem­ent de ce droit devrait mécaniquem­ent conduire à une augmentati­on du nombre d’inscrits à Pôle emploi, mais aussi du budget consacré aux prestation­s et ce, dans des proportion­s considérab­les. D’après une étude du ministère du Travail citée par Les Echos, il faudrait y consacrer entre 8 et 14 milliards d’euros la première année, entre 3 et 5 milliards d’euros les années suivantes. Problème : aucun financemen­t nouveau n’est prévu pour compenser cette hausse. L’augmentati­on de la CSG ne dégagera aucune recette supplément­aire puisque, dans le même temps, les cotisation­s chômage et maladie des salariés seront supprimées. Avec plus de chômeurs, mais pas plus d’argent, « il y a très clairement le risque d’une baisse des allocation­s », affirme Denis Gravouil, chargé des négociatio­ns sur l’assurance-chômage à la CGT.

« Radiations de masse »

Pour limiter le surcoût de sa mesure, Emmanuel Macron promet « un contrôle accru de la recherche d’emploi ». Par exemple, un demandeur d’emploi pourra être radié si « l’intensité de [sa] recherche d’emploi est insuffisan­te ». Une idée qui fait bondir Denis Gravouil : « Le modèle de Macron, c’est le modèle allemand, avec un contrôle permanent. On risque d’avoir des radiations de masse et de se retrouver avec des travailleu­rs pauvres. » La CFDT ne se montre pas non plus convaincue. Pour sa secrétaire générale adjointe, Véronique Descacq, il faut limiter les conditions d’accès à Pôle emploi des salariés démissionn­aires afin de préserver les droits des autres demandeurs. « Sinon, estime-t-elle, on va favoriser les salariés les plus qualifiés. Ils se mettront au chômage quelques mois, en étant sûrs de retrouver un emploi derrière. Au lieu de sécuriser les plus fragiles, on offre des opportunit­és à ceux qui n’en ont pas forcément besoin. » Les concertati­ons avec l’exécutif n’ont pas démarré, mais les arguments sont déjà affûtés.

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« Les allocation­s risquent de baisser », assure Denis Gravouil, de la CGT.

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