Un médicament anti-effets secondaires
Des chercheurs alsaciens ont imaginé un tout nouveau format de médicaments
Chaque année, les effets secondaires des médicaments font des milliers de victimes. Depuis longtemps déjà, de nombreux chercheurs tentent de diminuer ces effets adverses néfastes. A Strasbourg, des chimistes et des biologistes viennent, à l’aide d’une approche différente, d’ouvrir une nouvelle voie. « Si c’est appliqué cliniquement, ça pourrait sauver des vies », défend Wojciech Krezel, de l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire. Avec Alain Wagner, du Laboratoire de conception et application de molécules bioactives, ils ont développé une forme d’antidote. Là où, aujourd’hui, personne ne saurait chasser rapidement du corps un principe actif finalement néfaste après son ingestion, les chercheurs alsaciens ont pensé une stratégie nouvelle pour inactiver et éliminer en urgence les molécules d’un médicament lorsqu’un effet indésirable advient. En clair, les scientifiques strasbourgeois ont imaginé un agent de neutralisation.
Eliminer par les reins
Un médicament contre le médicament, à l’origine d’une réaction chimique ciblée et souhaitée, agissant directement dans le sang du patient. Jusqu’à l’élimination du principe actif par les reins. Dans leurs travaux menés au fil des dernières années (lire l’encadré) avec la doctorante Marion Recher et le post-doctorant Sylvain Ursuegui, les Strasbourgeois ont ainsi réussi à modifier – avec une réaction chimique – une molécule dans l’organisme de souris, dont ils ont relancé la coagulation, après la prise d’anticoagulants. En vue d’un éventuel futur antidote contre les effets secondaires, les chercheurs réfléchissent désormais à déposer un ou plusieurs brevet(s) afin de neutraliser des familles de médicaments génériques. Une start-up les a déjà contactés pour transposer cette approche à un autre domaine. Reste enfin à savoir si un tel neutralisant, sans effet pharmacologique direct, pourrait être mis sur le marché.