Les habitants sceptiques
La ville d’Illkirch-Graffenstaden tente la police de proximité
C’est une idée dans l’air du temps, tout particulièrement depuis l’annonce du gouvernement qui souhaite voir revenir la police de proximité dans quelques grandes villes, et cela dès 2018. A Illkirch-Graffenstaden, c’était un des dossiers prioritaires depuis 2016 et la commune vient de se lancer dans l’aventure, à l’initiative de son maire (PS) Claude Froehly, persuadé de son efficacité. Aussi, une antenne au coeur du quartier Libermann, reconnu comme prioritaire, vient d’ouvrir.
Rassurer et écouter
Depuis ce lundi, une patrouille de deux hommes arpente les trottoirs, à la rencontre de ses habitants. Et il y a de quoi faire puisque ce quartier, à lui seul, concentre près de 10 % de la population de la commune. Leur mission ? Rassurer mais aussi recueillir les problèmes de voisinage, d’incivilités, de nuisances sonores, de squatt dans les caves… Sceptiques, Jean-Paul et d’autres habitants du quartier admettent que cette présence policière est « une bonne chose », « rassurante » mais « insuffisante. « Parfois, les jeunes montent des scooters pour rouler sur les toits des garages. Ça va changer quoi, ce poste de police ? Elle ne vient pas ou, quand elle arrive, c’est trop tard et les jeunes reviennent », regrette Jean-Paul. Malgré le retour d’une police de proximité, des habitants restent persuadés que « cela ne va pas changer grand-chose dans leur vie. Personne ne va parler, les gens ont peur. C’est facile de retrouver sa voiture brûlée ou retournée, ou un caillou dans sa fenêtre », raconte, désabusée, Hélène. Des inquiétudes qu’entend Arnaud, l’autre policier de la patrouille : « Les gens vont prendre l’habitude de nous voir, puis de nous parler. La permanence va établir rapidement des liens. Et puis, les passages classiques, en voiture, eux, ne vont pas cesser. »