20 Minutes (Strasbourg)

Les Catalans divisés par la perspectiv­e de la tutelle

Le gouverneme­nt espagnol a annoncé, samedi, une mise sous tutelle du pouvoir provincial

- A Barcelone, Antonin Vabre

Le bras de fer se poursuit. Samedi, le chef du gouverneme­nt espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé des mesures draconienn­es pour empêcher la sécession de la Catalogne, provoquant l’ire de son président, Carles Puigdemont, qui a accusé Madrid de se placer « hors de l’Etat de droit ». Première des mesures, qui restent toutefois à être validées par le Sénat, vendredi, la destitutio­n de l’ensemble du gouverneme­nt catalan, la région serait alors dirigée par des ministères nationaux jusqu’à de nouvelles élections, dans six mois maximum. Cigare cubain au bec, Pere se demande bien lors de sa promenade dominicale à Barcelone qui pourrait participer à ce scrutin : « Si ce sont les mêmes partis qui se présentent, les indépendan­tistes vont finir majoritair­es. A Madrid, ils le savent. Qui ne dit pas qu’ils vont interdire ces partis ? Leur idée de la légalité, on la connaît. »

Paix et travail

Autre mesure prévue, la mise sous tutelle de la radio et de la télé publiques, mais, surtout, de la police catalane. Le jour du référendum sur l’autodéterm­ination, le 1er octobre, les Mossos d’Esquadra ont eu un rôle prépondéra­nt. En haut des Ramblas, les policiers qui y sont postés depuis l’attentat du 19 août préfèrent ne pas faire de commentair­e. Si la réaction de Carles Puigdemont, samedi, a satisfait de nombreux séparatist­es, elle commence à échauffer sérieuseme­nt les anti. Joaquin, retraité, se dit « de sang 100 % catalan, mais 100 % espagnol ». Avec sa femme Carmen, ils attendent l’applicatio­n de l’article 155 (qui permet de mettre sous tutelle le gouverneme­nt provincial). « Moi, en cas de guerre, j’agirai sous la bannière espagnole ! » s’emporte Joaquin tandis que sa femme tente de calmer ses ardeurs, en assurant que « désormais, on va revenir à la normalité. Les gens veulent juste vivre en paix et, surtout, travailler. Les grandes entreprise­s sont en train de partir. » Plusieurs d’entre elles ont en effet déjà indiqué vouloir déménager leur siège social (CaixaBank, Gas Natural, Colonial…). Les touristes, eux, se font déjà moins nombreux. Et « les chiffres baissent », confirme Miguel, restaurate­ur place Sant Josep Oriol. Si le conflit semble freiner l’économie, il amplifie l’antagonism­e dans la société catalane.

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Samedi, des Barcelonai­s écoutent les mesures sans précédent prévues par Madrid pour empêcher la sécession.

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