Un appétit de radicalité comblé par le Web
Logan Alexandre Nisin, arrêté pour des projets d’attentat, était très actif sur Internet
Suspecté de projets d’attentats contre des mosquées et des responsables politiques français, Logan Alexandre Nisin, 21 ans, a été interpellé en juin – huit personnes ont été mises en examen samedi dans le cadre de cette enquête. Son parcours de militant d’extrême droite, il l’a entamé à 16 ans, aux Jeunesses nationalistes. Il a ensuite géré le site du Mouvement populaire nouvelle aurore, déclinaison française du parti néonazi grec Aube dorée. Puis il a fréquenté Action française (AF), groupe royaliste, qu’il juge « trop politique, trop consensuel », a expliqué, jeudi, son secrétaire général, François Bel-Ker. Chez les descendants intellectuels de Charles Maurras, théoricien du nationalisme intégral et de l’antisémitisme d’Etat, le jeune homme, en quête de radicalité et d’actions concrètes, « ne pouvait pas y trouver ce qu’il cherchait », indique le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite. Par la suite, Logan Alexandre Nisin devient militant du Front national le temps de la campagne présidentielle. Encore une fois, il est vite déçu du manque de radicalité au FN.
« Exaltés et seuls »
Comment des jeunes gens se retrouvent-ils dans une spirale où même l’extrême droite traditionnelle ne leur semble plus assez radicale? « Le profil type est à la fois exalté, assez seul, en recherche d’une sorte de famille de substitution dans un groupe existant », décrit Jean-Yves Camus. Logan Alexandre Nisin était hyperactif sur le Web. Il tenait entre autres une page Facebook à la gloire d’Anders Breivik, l’auteur des attentats de juillet 2011 en Norvège, et sur laquelle il posait avec son fusil à pompe, raconte Le Monde. Un autre jeune, 23 ans, interpellé en juin et « psychologiquement instable », voulait « tuer Macron » lors du 14-Juillet. Il l’avait écrit sur un forum de Jeuxvideo. com, où il avait également cherché à se procurer une Kalachnikov. Logan Alexandre Nisin était également connu sur le forum 18-25 de ce site, repaire de jeunes militants de l’ultra-droite. Outre cette page pro-Breivik (supprimée depuis), il soutenait plusieurs causes nationalistes. Il a aussi été influencé par l’alt-right américaine (qui défend en ligne la culture occidentale blanche), en 2016, au moment où Donald Trump s’apprêtait à conquérir la MaisonBlanche. Le Web a définitivement servi à son autoradicalisation. « Breivik était contre le multiculturalisme, il a donné sa vie pour ses idées, il a toute ma sympathie », a-t-il clamé aux premières heures de sa garde à vue en juin.