Au fond, à droite?
Le chef de l’Etat mène depuis six mois une politique de droite, selon ses détracteurs
Emmanuel Macron assurait être « et de droite, et de gauche » lors de la campagne présidentielle. Six mois après son élection, l’ancien candidat est surtout critiqué à gauche.
«Et de droite et de gauche. » Avec ce discours trans partisan, Emmanuel Macron a réussi à se faire élire président, le 7 mai. Six mois plus tard, c’est l’heure d’un premier bilan. « La question est vite réglée, il n’est ni de gauche ni de gauche, juge Régis Juanico, député Nouvelle Gauche. Aucune réforme progressiste n’a été mise en place. C’est une politique libérale qui est mise en oeuvre. Rien d’étonnant car, aux postes clés du gouvernement, on retrouve Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. Ces ministres venus de la droite peuvent appliquer la politique qu’ils ont toujours défendue. Preuve en est le cadeau de cinq milliards d’euros fait aux foyers les plus riches. » L’élu socialiste poursuit : « Il est intéressant de voir comment cette politique est financée : les deux coupes majeures dans le budget 2018 portent sur le travail et le logement des plus faibles, avec la baisse des contrats aidés et la baisse des APL. » Un constat que ne partage pas Sacha Houlié, député LREM : « Dans le PLF 2018 [projet de loi de finances], l’exonération de la taxe d’habitation concerne les Français les plus démunis. Tout comme l’augmentation des salaires avec la baisse des cotisations salariales et celle du minimum vieillesse, ou l’allocation adultes handicapés. »
« Les jardiniers pressés »
Les enquêtes d’opinion montrent que, pour l’instant, Emmanuel Macron gagne des points chez les électeurs de droite, mais en perd dans l’autre camp. Dans Le Figaro, son entourage botte en touche : « Il est confronté à la France des jardiniers pressés, ceux qui jettent un gland et attendent un chêne au bout de deux mois. » « Pour Emmanuel Macron, le monde change, et il faut lever toutes les barrières, c’est-à-dire notamment flexibiliser le marché du travail pour s’adapter, explique Eric Heyer, de l’OFCE, think tank classé plutôt à gauche. Dans cette logique, l’Etat est là pour assurer la transition, mais il est vrai que, pour l’instant, on a surtout vu le côté flexibilité de la flexi-sécurité. On attend un peu le côté sécurité promis pendant la campagne, c’est-à-dire la protection des salariés à travers la formation et la réforme de l’assurance chômage. » C’est sur ce point qu’insiste Sacha Houlié. « Nous allons mettre 15 milliards sur la formation professionnelle, sans parler de l’assurance chômage pour tous, qui pourrait nous faire passer pour d’affreux gauchistes aux yeux de certains. Il ne faut pas regarder une mesure isolée qui serait jugée de droite ou de gauche, mais l’équilibre du plan d’ensemble », assure le vice-président de l’Assemblée.